Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

23/05/2008

JE TE PASSE SOUS SILENCE

Je te passe sous le silence

sans la moindre précaution
tant pis
si ta robe de papier se froisse
de mon fait divers
tant pis pour toi

je te passe sous silence
et le duplicata de mes rêves
se révèle mal imprimé

ne dis mot
pour me confondre
à mon vis-à-vis
qui volte face et vorevilte
et virevolte et vire face
pour éviter de front me faire
moi qui face ne lui tient point

je te passe sous silence
et le double de mes rêves
se révèle inapte au cadenas nocturne

ne dis mot
pour me confondre
avec toi-même

***

je te couds la bouche
avec du fil à plomb
et l'aiguille de fer qui perce
le bois du coeur des statuettes
teintes d'un bleu foncé
foncé comme un rouge clair ou comme un violet
qui tire sur le vert
et le vert tombe à terre touché en plein ventre
je recueille le vert au creux de ma main
le monde est sans herbe

je te passe sous silence
et ce drap de veuve jeté sur tes épaules nues
c'est la pudeur nocturne

je te passe sous silence

je te passe sous silence

et tant pis pour toi
bouche cousue et tympans qui vibrent

ton coeur fait son vide de sang


Jacques Morin, Une fleur noire à la boutonnière, L'Idée bleue, 2007, p. 75-77

17:55 Publié dans La poésie des autres

Les commentaires sont fermés.