26/05/2008
L'AUBE COUPE SES FILS
L'aube coupe ses fils
dépose les paupières sur la terre
Mes bras : deux mâts pour étreindre
les voiles de l'absence
Mes fenêtres sont parties
Il ne reste ni fleur ni livre
rien que moi et les recoins
avec mes fils usés
avec mon corbeau
***
Dans le cancer du silence, dans l'encerclement
j'écris mes poèmes sur l'argile
avec la plume du corbeau
Je le sais : pas de clarté sur mes paupières
plus rien que la sagesse de la poussière
Je m'assieds au café avec le jour
avec le bois de la chaise
et les mégots jetés
Je m'assieds dans l'attente
d'une rencontre oubliée
***
Peu m'importe le possible
joie ou douleurs
Dans mes hymnes j'invente un évangile
je cherche un refuge
un monde qui commence
à la pointe du monde
Adonis, Chants de Mihyar le Damascène, NRF Poésie/Gallimard, 2002, p. 138, 140, 142
13:37 Publié dans La poésie des autres
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