01/06/2008
LE LION
Le lion gisait sur le flanc, les yeux ouverts, la tête appuyée contre l'herbe. Il semblait attendre que Patricia vînt s'allonger contre lui une fois de plus. Et Patricia, qui n'avait pas encore appris qu'il existait une fin aux jeux les plus beaux, à l'être le plus précieux, Patricia se pencha sur King, voulut soulever la patte tutélaire. Mais la patte était d'un poids sans mesure. Patricia la laissa retomber. Elle tendit alors une main vers les yeux d'or, vers celui qui, à l'ordinaire, semblait rire et cligner. L'expression du regard n'avait plus de sens, plus de nom.
Joseph Kessel, Le lion, Folio Gallimard, 1986, p. 234-235
J'ai lu Le lion de Kessel au lycée, à l'internat. Dans le dortoir, lumières éteintes après 22 h, sous les couvertures, une lampe de poche dans une main, le livre dans l'autre, j'avais du mal à étouffer mes sanglots. Aujourd'hui, mon exemplaire est jauni et corné, mais il est toujours là, dans la bibliothèque bancale. Souvenirs...
10:15 Publié dans La poésie des autres
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