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01/06/2008

MOMO (SUITE)

Je suis chez Momo, ma grand-mère chérie, à l'époque où elle vivait encore dans son grand appartement de Tassin. Elle est enfoncée dans son fauteuil ; ses cheveux lui tombent dans la figure ; elle a un serre-tête qui ne tient pas et pend lourdement sur son front. La télé braille. Image de dénuement moral, de laisser-aller.

J'ai envie de lui redonner vie, de lui rendre son physique pour qu'elle se sente exister, car elle n'a plus conscience de son corps. Commence le lavage, dans la salle de bain mal éclairée, aux murs et au sol grisâtres. Je lui mouille délicatement la tête et lui masse le cuir chevelu avec un shampooing Dop aux oeufs dont l'odeur m'est familière : c'est celle des shampooings de mon enfance. Je lui applique ensuite une deuxième crème, susceptible de donner un joli reflet argenté à sa chevelure.

Après le lavage, je l'installe sur une chaise dans la cuisine claire qui donne sur la ville. Avec des ciseaux, j'entreprends de rafraîchir sa coupe. Je tente un dégradé le long de la nuque, un plongeon sur les tempes ; j'élague la frange. Elle a les yeux fermés, heureuse d'être l'objet de soins ; elle ne cesse de me répéter que je suis une perfection.

Avec un sèche-cheveux, je commence un brushing. Je la coiffe avec une brosse ronde, donne du volume à sa coupe. Je vaporise la laque. Elle a toujours les yeux fermés. Je lui parle tout en la coiffant.

À l'aide d'un coton, je lui nettoie le visage, enlève les brins de cheveux ; je la maquille.

Je lui tends une petite glace dans laquelle elle se mire.


(2001)

22:20

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