11/06/2008
VARIATIONS POUR UN ORAGE
Les chemins de poussière rouge / La brume du blé / À peine emblavé / La marche continue / Le dos criblé d’éclairs / Toujours avancer sur l’arrondi du soir. Ou comment le corps s’empreint du paysage, comme pour mieux le moduler. Se laisse percevoir une peur de l’avenir et une oscillation, que semble compenser le plein de la chair, alors le consenti d’une respiration, / l’espérance d’une vie / s’empourpre pour un rien. L’écoute, le regard sont à l’affût des perceptions sur la peau, de souvenirs perdus ; l’aventure des mots passe par le silence / le cri de l’algonquin veut ravager l’oubli. Émerge alors, avec la chaleur / en croûte / en poudres, / en cendres, / un feu de sang sur les collines, / et la colère, le noir / le noir encore, / le noir. Au milieu des cognements des marteaux-piqueurs, les pas s’égarent, à la recherche d’une illusion : sous les pavés / croire à la plage… Le sang afflue, jus de grenade, les saules et le vent valsent, s’enlacent. Attente au bord de la pluie, le vent à la nuque des herbes, / un timbre de fauvette, de moineaux. La musique et la danse au-dessus de l’abîme de la douleur, ce qu’il te fait de mal, de dur / qui craque sur les os / les durcit, les élime. Écrasement, démembrement, quelle importance pour l’Histoire / un remue-ménage du cœur. Et pourtant, il suffisait de fermer les yeux / de frôler du doigt les paupières / pour apercevoir le clocher étoilé de bleu.
Hélène Vidal, Variations pour un orage, Éclats d’encre, 2006
(Verso n°130)
07:35 Publié dans Chroniques
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