17/08/2008
SONNET
Pour ne pas être seul durant l’éternité,
Je cherche auprès de toi future compagnie
Pour quand, larmes sans yeux, nous jouerons à la vie
Et voudrons y loger notre fidélité.
Pour ne plus aspirer à l’hiver et l’été,
Ni mourir à nouveau de tant de nostalgie,
Il faut dès à présent labourer l’autre vie,
Y pousser nos grands bœufs enclins à s’arrêter,
Voir comment l’on pourrait remplacer les amis,
La France, le soleil, les enfants et les fruits,
Et se faire un beau jour d’une nuit coriace,
Regarder sans regard et toucher sans les doigts,
Se parler sans avoir de paroles ni voix,
Immobiles, changer un petit peu de place.
Jules Supervielle, La fable du monde, Poésie/Gallimard, p. 152
22:15 Publié dans La poésie des autres
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