18/12/2009
LES RUINES DU CIEL
Le soleil est le grand maître. J’ai vu ce matin un de ses chefs-d’œuvre – une bouteille vide sur la pente herbeuse devant la gare. Il y avait dans cette scène une vie explosive et des verts admirables. La lumière sainte partout vibrait, du brin d’herbe au goulot vert émeraude et à l’étiquette blanc et or tournée vers le ciel illettré.
J’essaie avec des mots de peindre cette lumière qui vient d’entrer par la fenêtre et s’est plantée dans la peau rosée de la poire. Je n’y arrive pas et cet échec n’est pas sans gaieté – comme de perdre au jeu contre un ami.
Christian Bobin, Les ruines du ciel, nfr/Gallimard, 2009, p. 130
13:37 Publié dans La poésie des autres
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