22/01/2010
LES YEUX SANS MESURE
L’homme ouvre les yeux et il traverse le ciel. Sa peau sous son front se soulève et recouvre le vide qui l’entoure. Comme si sa peau pouvait s’étirer si loin qu’elle en devenait transparente.
L’homme ouvre les yeux à la lumière et sa peau elle-même en devient voyante. Il voit par tous ses pores, par les plus infimes trous. Son corps n’est plus à sa taille réelle, il n’est plus d’une seule taille. Il voit et il est de toutes les tailles, il peut passer partout, de l’ouverture la plus infime à la plus infinie. Ses yeux qui se sont ouverts ont tout ouvert, ses paupières qui se sont soulevées l’ont soulevé de terre.
L’homme voit et il recouvre le vide qui l’entoure, il lui donne des contours, il trace dans le ciel une infinité de lignes d’horizon jusqu’où il fait voler son corps.
Jean-Luc Parant, Les yeux sans mesure, Fata Morgana, 2007, p. 41
13:50 Publié dans La poésie des autres
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