12/10/2015
J'ERRE SANS ATTACHE SUR LA VOIE
De quelle nuit es-tu venue ?
De quel jour ? Soudain tu es
Au cœur de tout. Les lilas
Ont frémi ; le mot est dit.
Tout prend sens, tout se découvre
Don. Dès lors, tout se transmue :
Le ciel-terre en chair aimante,
En ondes sans fin les instants.
*
J’erre sans attache sur la Voie,
En plein cœur de la lente chute
des feuilles et des étoiles ;
Au lointain appel d’une voix,
Je me retourne et je vois
le visage et le regard.
L’automne mûr détient encore
Tout l’or secret du royaume,
par-delà flammes et larmes ;
Du fond de la frondaison,
Un chant trace la sente qui mène
à l’inapaisable fontaine.
François Cheng, La vraie gloire est ici. Gallimard, 2015
09:32 Publié dans La poésie des autres
Les commentaires sont fermés.