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30/05/2008

L'HÉCATOMBE DES ORMES

Le sang des baies noires des sureaux
une fois peignées dans la haie, récoltées
dans le panier aux pailles calfeutrées de papier journal
à la page des faits divers et crimes,
la page aussi des accouchements aux placentas roses,
le sang des baies dirigées vers le sud
saisit le visage du cueilleur comme
le faisait une bille d'enfant autrefois,
comme c'est encore le cas sur les perles des couronnes
que peignit Van Eyck.
Le sang des mûres sur ta bouche, mon Jeune Homme,
à l'époque très lointaine où
comptaient les soleils les miels
et les odeurs de l'herbe endormie,
le sang dans ma poche
comme s'il y pleuvait des flots, des tiges
de sang en verre fragile de sang d'oiseau,
de sang volant glissant sur l'air,
de sang dans le creux de la main
que l'on boit pour mourir,
et dans ce vent, partout dans ce vent
comme nous prendrions un bain chaud d'oubli.


Jean-Louis Rambour, L'hécatombe des ormes, Éditions Jacques Brémond, 2005, p. 32

22:05 Publié dans La poésie des autres

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