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01/03/2010

LA MAISON NATALE

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Je m’éveillai, c’était la maison natale,

L’écume s’abattait sur le rocher,

Pas un oiseau, le vent seul à ouvrir et fermer la vague,

L’odeur de l’horizon de toutes parts,

Cendre, comme si les collines cachaient un feu

Qui ailleurs consumait un univers.

Je passai dans la véranda, la table était mise,

L’eau frappait les pieds de la table, le buffet.

Il fallait qu’elle entrât pourtant, la sans-visage

Que je savais qui secouait la porte

Du couloir, du côté de l’escalier sombre, mais en vain,

Si haute était déjà l’eau dans la salle.

Je tournais la poignée, qui résistait,

J’entendais presque les rumeurs de l’autre rive,

Ces rires des enfants dans l’herbe haute,

Ces jeux des autres, à jamais les autres, dans leur joie.

 

Yves Bonnefoy, Les planches courbes, Poésie/Gallimard, 2006, p. 83

22:13 Publié dans La poésie des autres

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