19/09/2011
La proximité de la mer
Brusquement la soirée s’est éclairée
Car c’est la pluie qui, minutieuse, arrose
La rue. Ou l’arrosait. Elle est la chose
Qui sans nul doute a lieu dans le passé.
Qui l’écoute tomber a retrouvé
Ce temps où, merveilleuse, se propose
La vision de la fleur appelée rose,
La couleur rouge et son étrangeté.
Cette pluie qui aveugle les fenêtres,
Dans des faubourgs perdus, doit mettre en fête
Les raisins noirs d’une treille en certain
Patio enfui. Et l’humide soirée,
Me rend mon père, sa voix, si désirée,
Sa voix qui n’est pas morte et qui revient.
Jorge Luis Borges, La proximité de la mer, nrf/Gallimard, 2010, p. 33
09:26 Publié dans La poésie des autres
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