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21/09/2012

TOMBÉ

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L’écriture de Valérie Harkness se reconnaît par cette douceur dans la voix qui module des paysages de tendresse dans un décor atone blanc et froid, celui d’un hôpital où hommes et femmes se fondent dans les tissus, ailleurs, si loin de la vraie vie, de l’autre côté du mur. Valérie Harkness est à la recherche de ce supplément d’humanité qui va toucher juste la corde sensible de l’âme, empathie pour ces hommes et femmes relégués à l’arrière-plan de la vie par la maladie, la vieillesse. N’être les yeux de plus personne / N’être la vie de plus personne // Perdre le poids du souffle / le pousser par le tube / le faire couler par le sang / débarouler par des silences // Comme des morceaux invisibles de vie des autres / pendus à l’air de tous // N’être personne / plus. Valérie Harkness veut pousser plus loin la limite du regard, poser les yeux sur ceux que l’on ne voit pas, éprouver leur ressenti, car ils sont un peu d’elle-même, sans doute. Eux voudraient regarder par-dessus le mur, être avec la vie / des autres gens qui savent, mais ils s’aperçoivent qu’ils ne peuvent pas, car leurs yeux ne savent plus voir, ils sont restés derrière le mur. Jusqu’où va l’empathie ? Jusqu’au désir de changer de peau, d’être cet homme ou cette femme ? Toucher la peau qui m’appartient / qui colle / sans bouger / pendant que le corps me prend. Le « ils » laisse place au « je », le recueil se termine par un amalgame les cerveaux mêlés les uns aux autres comme des histoires / qui commencent tout le temps.

Valérie Harkness, Tombé,  Éditions de l’Atlantique, 2011

09:38 Publié dans Chroniques

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