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26/01/2013

LE BLEU DES VEINES

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Dans le titre perce déjà la notion de fragilité : la finesse et la blancheur de la peau laissant transparaître le bleu des veines. Louis Raoul écrit tout en délicatesse, à l’écoute de l’imperceptible solitude des êtres qu’il évoque. Ceux qui ne sortent plus / Habitent des maisons végétales / Ils n’ont plus de corps / Depuis longtemps / Il ne reste aux fenêtres / Qu’un visage de longues veilles / Noyé dans la vitre. Ces premiers vers portent à eux seuls le vide, la blancheur, le sentiment d’inexistence de ceux qui, restés derrière la vitre, n’ont que la désolation du paysage pour meubler leur solitude. Ce qui est évoqué ici, ce sont des vies qui ne sont remplies par rien, si ce n’est l’éternité d’une cigarette / À chaque aspiration […] et ces moments de rêverie / Où tout ne tient que par un fil / Bleu.L’imperceptible, c’est le vent derrière les arbres / Et ce froissement entendu […] l’odeur du pain grillé / Celui qu’il faut mâcher lentement / Pour croire un moment / Que ces pas dans la neige / Sont pour nous.Mais personne ne viendra. Louis Raoul, dont j’avais déjà rendu compte du recueil « Feuille de l’air » paru aux éditions de l’Atlantique, est à l’affût du tremblement léger de la vie, si léger que certains ne le perçoivent pas. L’impalpable solitude des mots.                                                                                              

Louis Raoul,Le bleu des veines, Citadel Road Editions, 2012

 

 

16:03 Publié dans Chroniques

12/01/2013

LE HÉRISSON

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Il y a un hérisson qui dort sous les iris

Ne le réveille pas mon amour

il a traversé des brouillards

et pointé son museau vers tous les nords de ma vie.

Sous la peau tremblée de son ventre

j'ai belle lurette caché un souvenir de nous :

nous nous étions pris entre nos bras souvent

mais il s'y trouvait quelque chose d'incertain

qu'il avait fallu recouvrir de silence.

Vienne une manière de paix sur notre éloignement

enfoui maintenant au coeur du hérisson

et qu'il le dorme et le taise et le protège

comme savent si bien le faire ces bêtes épineuses

et douces par en dessous.


Marie Huot, "La renouée", Contre-allées n°21-22, 2012, p. 20

10:20 Publié dans La poésie des autres