03/09/2015
S'IL EXISTE DES FLEURS
Ce sont des poèmes sur la guerre, vue à travers le prisme de la nature. S’il existe des fleurs, il existe des hommes, ces hommes tombent, mais les fleurs restent. Ce sont des poèmes courts, des phrases simples, pour dire les jeunes hommes enrôlés durant la guerre, fauchés dans la fleur de l’âge. L’émotion naît de ce regard posé sur la nature, qui demeure, et de ces mots du poème pour dire le bleu du jour, les arbres les murs un temple / entre la terre et la mer.
le jour donne le bleu
de branche en branche
s’étend sur les campagnes
ne compte pas les morts
La mort est ici abordée avec le regard de l’innocence. Le recueil fonctionne par images, par scènes. On voit les animaux, les hommes courir dans l’herbe, on voit les arbres, la nature, on imagine le silence dans une prairie caressée par le soleil.
les animaux courent devant
pour ne pas être tués
aussi des hommes
courent autant
ils restent chauds
après leur dernier souffle
C’est cela qui contraste : la douceur et la tendresse qui émanent des mots, et la violence, l’horreur de la guerre, qui demeurent en arrière-plan.
depuis les collines apparaît le soleil
des soldats dévalent les collines
s’inquiètent soudain du silence des oiseaux
Cécile Guivarch nous touche par sa capacité d'empathie, elle qui sait si bien éprouver ce que d’autres vivent dans leur propre chair.
ils ont froid
de tant de neige tombée sur leurs tombes
ils ont froid et se rapprochent
se regardent presque
Cécile Guivarch, S’il existe des fleurs, L’arbre à paroles, 2015
11:49 Publié dans Chroniques
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