30/10/2009
EXIL
Étoile de l’aube, quand tu baissais les yeux
Nos heures étaient plus douces que l’huile
Sur la plaie, plus légères que l’eau fraîche
Au palais, plus placides que le duvet du cygne.
Tu tenais notre vie dans ta paume.
Après le pain amer de l’exil,
Si nous demeurons la nuit devant le mur blanc
Ta voix nous parvient comme l’espoir d’une flamme ;
Et ce vent de nouveau
Aiguise sa lame sur nos nerfs.
Georges Séféris, Poèmes 1933-1955, Poésie/Gallimard, 2009, p. 27
16:04 Publié dans La poésie des autres
18/10/2009
ÉLOGE DE LA MOUETTE ROSÉE
La mouette ivoire est belle et c’est l’un des oiseaux les plus coriaces du monde. Elle ne vit pas dans une tour d’ivoire. À moins que, pour vous, les portes infernales de l’Arctique ne soient une tour d’ivoire.
Il y a aussi la mouette rieuse. Oh, comme elle rit. C’est la folle criarde des mers. Elle niche dans le crâne d’un fantôme.
Mais la mouette rosée, elle, est au-delà de toute parole humaine. Elle a la tête et la poitrine blanches, doucement teintées de rose, et c’est l’un des oiseaux mystiques du monde. Rares, très rares sont les ornithologues qui l’ont aperçue vivante.
J’aime toutes les mouettes, mais la mouette rosée est celle qui m’habite à jamais. Parfois, quand ma voix s’élève, ample et claire, je la vois. J’aimerais que d’autres la voient aussi. Certains refusent carrément de croire qu’elle existe.
Kenneth White, Un monde ouvert, Poésie/Gallimard, 2007, p. 119
10:03 Publié dans La poésie des autres
06/10/2009
PENARTH BEACH
ces enfants là-bas qui jouent
sous les yeux de leur mère
et cherchent dans les galets celui
qui portera signe : le talisman rompu
dont la blessure respire
et gardera l’ouvert pendant l’écart d’une vie
ils sont à la fracture du jour
où la lumière veille la mer a ses marques
qui ont douceur de seuil et l’entrée est là
où l’amour se tient
dans la brillance de l’air
en cet aujourd’hui
Heather Dohollau, Une suite de matins, Folle avoine, 2005, p. 11
16:26 Publié dans La poésie des autres