29/05/2012
JAMAIS TU REVIENS
on me dit d’écouter la mer
à travers les arbres
j’entends
le souffle du vent avec
ta voix dedans
*
on voudrait que tout se taise
alors tu parleras autant ta respiration
tu parleras de ta voix quotidienne
tu parleras autant que tu parleras
tu ne te tairas pas tu parleras
et tu ne pourras pas mourir
non pas mourir tant que tu
parleras
*
cela te va à merveille
tu respires sous ton lit de lumière et d’arbres
tu respires tant que la mer s’y mêle
infiltration d’eau jusque dans tes murs
jusque dans tes os
À Manue
Cécile Guivarch, « jamais tu reviens », N4728 n°21, janvier 2012, p. 46
17:59 Publié dans La poésie des autres
22/05/2012
AVEC UN PEU PLUS DE CIEL
Dans l’avenir à découvert
Comme dans une larme de feu
Où rien ne va à la cendre
Où rien ne va au remords
On comprend qu’il y a de l’or
Qui règne sous la peau
Et une vague violente qui n’espérait que ça
André Velter, Avec un peu plus de ciel, nfr/Gallimard, 2012, p. 21
08:45 Publié dans La poésie des autres
08/05/2012
MIRABELLA MYSTICA
Il ne faut pas les chercher seul, dit-on,
Les mirabelles sauvages, cueillies dans l’éther,
Parce que je n’ai pas trouvé d’arbre, étant parti
Seul : les perles dorées à la lisière du bois,
Colorées comme le velours de tes joues,
Le balancement de plumes des branches, duveteuses
Comme ton corps qui me précède et ne doit pas
M’exciter ; malade encore depuis les vieilles
Histoires… couvert d’un plexus solaire
Épuisé, si je veux être galant homme :
Comme le mirabellier s’en va avec toi,
Je serai seul, et lié.
Les paysages changent de couleur, même de
Tonalité depuis que tu es partie, le suppurement notoire
Des tracteurs se perd, non entendu, dans les
Ormes et les pins, et je cueille les fruits
Cachés des arbres qui sont partis
Comme toi, ayant fui les sandar nus :
Que mes poches soient pleines de pommes de pins
Et de forêt, je ne veux pas le savoir… seul
Me porte dans la lumière ton corps qui me précède,
Depuis que tu t’en es allée, et l’arbre mince
Avec toi, et ta peau couverte du velours
Du rire sous le ciel de notre idylle
Isolée dans la Marche ; dont nous nous
Souviendrons, tant que le pouls de son
Rougissement ne nous fait pas oublier.
Il ne faut pas les chercher seul, dit-on,
Les mirabelles sauvages dont nous avons envie
Depuis longtemps et que nous avons trouvées ici,
Où j’ai retrouvé, plein d’étonnement, ton regard,
Ton sourire. Tu es partie, Mirabelle, rien que la lumière
Dans les ormes et les pins… bientôt, ce sera
L’automne… seul, dans mon dos je cache,
Cueillies dans l’éther, les perles dorées, duveteuses :
Une poignée de cadeaux d’amour pour toi.
André Schinkel. Traduit de l’allemand par Rüdiger Fischer. Saraswati n°11, février 2011, p. 15
19:44 Publié dans La poésie des autres