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13/11/2008

LA FABLE DU MONDE

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Il a plus si fort que la mer est douce,

Et même il y pousse ostensiblement

Des palmiers à fruits et des pamplemousses

Sans se soucier des poissons changeants.

Les turbots marins tournent à la truite,

La sole s’allonge et devient anguille,

Un grand paquebot n’est plus qu’un canot

Où rament en chœur quatre jeunes filles.

Si vous vous penchez sur les calmes flots

Vous voyez au fond ah ! si peu marin,

Qu’y viennent brouter les bœufs riverains

Sortant quelquefois la tête de l’eau.            

 

Jules Supervielle, La fable du monde, Poésie/Gallimard, p. 205

10:06 Publié dans La poésie des autres

11/11/2008

ENTRE LE VERRE ET LA MENTHE

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je me heurte aux mots

à leur paroi sur la feuille

peine à m’infiltrer en eux

à les laisser éclore

 

exhaler leur parfum

 

je lâche prise décide

d’attendre qu’ils viennent à moi

 

à la deuxième lecture

le lierre se met à bouger

le chèvrefeuille fleurit

 

le poème hermétique

ouvre la boîte aux arômes

 

citron vanillé cannelle

amandes avec touche d’épices

 

fraîcheur de la mer verte

 

un monde entier prend forme

 

 

Valérie Canat de Chizy, entre le verre et la menthe, Jacques André éd., 2008, 11 €

13:04 Publié dans Recueils parus

08/11/2008

LE JOUR SE TAIT

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Depuis longtemps

les villages dessolés

 

le corps s’est replié

le clapot

sous les dents

d’une baie violette

 

il a bu

la terre

 

 

Anne-Lise Blanchard, Le jour se tait, J. André, 2008, p. 50

18:38 Publié dans La poésie des autres

05/11/2008

LA HAUTE FOLIE DES MERS

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Je te parle derrière l’écume     derrière le sang de l’écume     derrière les plumes de l’écume

 

Je te parle et je prie     devant la ligne de l’horizon     devant les vagues qui avancent     qui poussent leur mufle doux

 

Je te parle derrière l’ocre des couchants enrhumés d’or

 

[…]

 

Je te parle derrière la plus haute vague     celle qui hisse sa crête d’éclat de soleil     celle où reste un goéland     pensif     méditant     et les débris de ma vie qui chantent

 

 

Vincent Calvet, La haute Folie des mers, Cheyne éd., 2007, p. 9

18:23 Publié dans La poésie des autres

04/11/2008

C'EST UN RÊVE

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C’est un rêve sans fin

de réparation

de monde lié

suturé l’oreille

la bouche la parole

le son

20:13 Publié dans La poésie des autres

03/11/2008

ÉCRIRE 2

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Écrire pour creuser

la tombe

me rapprocher

de mon origine

silence du liquide

rouge de l’œuf

où dort l’œil

de pierre noire

21:44 Publié dans La poésie des autres

ÉCRIRE

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Écrire, c’était ça la seule chose qui peuplait ma vie et qui l’enchantait. Je l’ai fait. L’écriture ne m’a jamais quittée.

 Marguerite Duras, Écrire, Folio/Gallimard, p. 15

21:28 Publié dans La poésie des autres

02/11/2008

IL PLEUT SUR LES VERRIÈRES

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Musarde sous l’aigrette

hautement seule des cormorans

– quel arbre fit sécher

ses palmes noires activement ?

 

*

 

Il pleut sur les verrières

les grandes vacances

les herbes chargées de pluie,

il n’y a pas d’autre mort

 

         la contrebasse est une fatigue

 

 

L’épaule un mardi soir

tenait bas

l’aiguille des sons

 

*

 

J’aime les petites adversités

comme

perdre son temps

marcher sous la pluie et le vent

achever d’être prise

avoir très faim des choses humaines

 

 

Marie-Noëlle Agniau, Il pleut sur les verrières, Encres vives, Collection Encres Blanches n°157

13:54 Publié dans La poésie des autres