Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04/05/2008

MARINE

Les chars d'argent et de cuivre –
Les proues d'acier et d'argent –
Battent l'écume, –
Soulèvent les souches des ronces.
Les courants de la lande
Et les ornières immenses du reflux
Filent circulairement vers l'est,
Vers les piliers de la forêt, –
Vers les fût de la jetée,
Dont l'angle est heurté par des tourbillons de lumière.


Arthur Rimbaud, Illuminations, GF-Flammarion, 1995, p. 88

23:35 Publié dans La poésie des autres

POEMES EPARS

Ivan Watelle dirige la revue Poèmes épars.

Il expose ses peintures du 25 avril au 2 juin 2008.

Radisson
Tour du Crédit Lyonnais
129, rue Servient
69003 Lyon.

Contact : poemes_epars@yahoo.fr

22:13

UN LIVRE POUR LA PLUIE

Un livre traversé par la pluie. La pluie trace les lignes de vie dans l'épaisseur de la feuille, lave les vitres, quand la douleur creuse de larges tranchées rouges. La pluie s'immisce au travers de l'encre / et atténue les aspérités de l'horrible monde / ces serpents ces crabes et ces humains // ces peuples attirés par la foudre et la guerre. J'écris un livre pour la pluie / abondante et fertilisante / cette vie naturelle et unique. L'écriture est une autre pluie, une tendresse dans la main / cette transpiration de la vie malgré les coups et les hurlements. Dans un paysage dévasté, la pluie creuse des rigoles qui entraînent une boue mêlée de sang et d'eau. Une vision pessimiste de la nature humaine et du monde, donc, accompagnée d'une lutte contre les démons intérieurs : L'homme sous ma paume se débat contre ses obsessions / et la pluie en ruisselets lourds et opaques ne lave plus son enfer, / dans la plaine à grands pas les astres fuient. La pluie est aussi l'espoir, comme une promesse à naître ou à fleurir // une graine à lever, alors que le monde est plongé dans une eau putride et cinglante. Le recueil se clôt sur un regret, celui de l'auteur de n'avoir pas su écrire le livre qui tenait entre ses pages la résine de la vie. L'univers n'a pas voulu attendre une autre averse / alors j'ai forcé la pluie / à me dévorer la main.


Jean-Michel Bongiraud, Un livre pour la pluie, Editinter, 2007
Chronique parue dans Verso n° 130 (sept. 2007).

16:00 Publié dans Chroniques

LE SURSAUT

cherche
la racine de tes mots

le silence
a déposé son mutisme
dans un pré de tulipes

souviens-toi
la robe bleue

les jouets
avant le petit déjeuner

le sursaut


entre le verre et la menthe, Jacques André Éditeur, 2008, p. 49

15:45 Publié dans La poésie des autres

03/05/2008

MES DOIGTS SONT MES FENÊTRES

Terrée chez moi. Mes doigts sont mes fenêtres. Il n’y a que cela de vraiment juste. L’acte posé, structuré. Le chat dort sur le divan. Curieux foyer. Une jeune femme solitaire écrit, avec pour seul compagnon, son chat. Peu de sorties. Pas de mails, pas ou peu de téléphone. Mon seul lien avec l’extérieur, Internet. Mesurer chaque centimètre. Avec une règle je trace des traits au crayon à papier. Des lignes. Faisceau. Les mots deviennent parole, ouverture, échange. Ils se détachent de la feuille, vivent leur vie. Vous tous autour de moi, je suis sûre que vous m’entendez. Moi je vous lis. Parfois. Est-il besoin de se parler ? Qu’est-ce la vie ? Le travail ? L’écriture. Je suis dans une poche, je ne sais si je parviendrai à en sortir un jour. La matrice. Je n’en suis jamais vraiment sortie. J’avance d’une case, recule de deux. Je progresse dans et par la poésie. Mon corps. Ouvrir, fermer. Trop ou trop peu. Le dialogue. Que dire, comment le dire, comment me comporter. La fusion. Le rejet. La coquille. L’écriture encore. Pour me tuer, il suffirait de m’empêcher d’écrire. Me mettre des chaînes autour, m’attacher à une chaise. Me forcer à mener une vie « normale ». Parler « normalement », être à l’aise « normalement », converser « normalement ».


6 avril 2008

23:38

LE SEPTIEME SOMMET

J'ai pour te bâtir un tombeau
des mots du soleil et des rêves,
rien qui appartienne au poids du monde,
rien qui t'impose une mort enchaînée,
rien qui ralentisse ta course plus haut
que tous les sommets.

Tu vois je t'invente
un tombeau sans dorure,
sans marbre ni couronne, je t'élève
moins qu'une stèle perdue dans le désert,
je t'offre un souffle de sable et de vent,
tombeau d'oiseau migrateur,
tombeau de papillon bleu,
tombeau de cerf-volant.

Au plain-chant de l'univers
tu es le rire de la pure lumière,
la joie sans ombre qui donne
et donne encore présence à l'impossible,
comme ce poisson que tu léguais au ciel
ou ces fleurs qui acceptaient pour toi seule
d'éclore sous la lune.

Alors depuis les ténèbres où je suis,
moi le quasi-mécréant je te crie
que s'il est une autre Jérusalem,
tu es ma femme céleste.


André Velter, Le septième sommet : poèmes pour Chantal Mauduit, NRF Gallimard, 2000, p. 9-10

14:03 Publié dans La poésie des autres

FISSURES ET VOIX

Le socle vacille
En quelle terre
Tomber Se briser ?

À quelle roche
Se mesurer

Les doigts entaillés
De parois sombres
Et profondes

Le cœur obscurci ?

Au centre du noyau
La lumière s’écartèle
Repousse les parois

Fissures
Et voix


Recueil inédit

12:32 Publié dans La poésie des autres

COEUR

Suffit d'une bougie
Pour éclairer le monde
Autour duquel ta vie
Fait sourdement ta ronde,
Coeur lent qui t'accoutumes
Et tu ne sais à quoi,
Coeur grave qui résumes
Dans le plus sûr de toi
Des terres sans feuillage,
Des routes sans chevaux,
Un vaisseau sans visages
Et des vagues sans eaux.
Mais des milliers d'enfants
Sur la place s'élancent
En poussant de tels cris
De leurs frêles poitrines
Qu'un homme à barbe noire
- De quel monde venu ? -
D'un seul geste les chasse
Jusqu'au fond de la nue.

Alors de nouveau, seul,
Dans la chair tu tâtonnes,
Coeur plus près du linceul,
Coeur de grande personne.


Jules Supervielle, Gravitations, NRF Poésie/Gallimard, 1994, p. 150-151

11:57 Publié dans La poésie des autres

02/05/2008

ET VIVRE ETAIT SUBLIME

Elle se précipita lorsque la sonnette retentit. Mais arrivée dans le vestibule, elle fit demi-tour. Avait-elle bien enlevé la poudre ? De retour au salon, elle resta devant la glace, s'y regarda sans s'y voir. Le sang battant à ses oreilles, elle se décida enfin, s'élança, faillit tomber, ouvrit la porte. Comment allez-vous ? lui demanda-t-elle avec le naturel d'un chanteur d'opérette faisant du parlé.

[...]

Lèvres tremblantes, elle lui proposa une tasse de thé. Il accepta avec impassibilité. Guindée, les joues enflammées, elle versa du thé sur le guéridon, dans les soucoupes, et même dans les tasses, demanda pardon, tendit ensuite d'une main le petit pot à lait et de l'autre les rondelles de citron. Laine ou coton ? demanda-t-elle. Il eut un rire, et elle osa le regarder. Il eut un sourire, et elle lui tendit les mains. Il les prit, et il plia le genou devant elle. Inspirée, elle plia le genou devant lui, et si noblement qu'elle renversa la théière, les tasses, le pot à lait et toutes les rondelles de citron. Agenouillés, ils se souriaient, dents éclatantes, dents de jeunesse. Agenouillés, ils étaient ridicules, ils étaient fiers et beaux, et vivre était sublime.


Albert Cohen, Belle du Seigneur, NRF Gallimard, 1995, p. 386-387

16:25 Publié dans La poésie des autres

BIO-BIBLIOGRAPHIE

Née en 1974, Valérie Canat de Chizy vit et travaille à Lyon. Elle collabore à la revue Verso et au site Terre à ciel.

Présente dans les revues de poésie Décharge, Verso, Friches, Comme en poésie, Arpa, Traces, Poèmes épars, La Licorne d'Hannibal, Cabaret, Coup de soleil, Traversées, Traction brabant, Saraswati, Osiris, Cairns, Spered Gouez.

Sur internet : Les mots plus grands que nous, Ce qui reste, Paysages écrits, Incertain regard, Recours au poème, Terre à ciel.

 

Bibliographie :

caché dévoilé, Jacques André éditeur, 2019

Nuit : livre d'artiste. Poèmes de Valérie Canat de Chizy, encres de Colette Reydet. Revue Ce qui reste, 2018

Le poème correspondant (avec Marie-Noëlle Agniau), La Porte, 2017

l'écriture la vie, Le Petit Rameur, 2017

Je murmure au lilas (que j'aime), Editions Henry, 2016

La clarté jaune du soleil, Les éditions du Petit Flou, 2016

L'étoffe de la nuit : livre d'artiste. Textes de Valérie Canat de Chizy, pastels de Gilbert Desclaux, 2016.

Poetry, Jacques André éditeur, 2015

Le bruit des abeilles (avec Cécile Guivarch), La Porte, 2014

Muraille de Chine, pré # carré, 2014

Ombre solaire, La Porte, 2013

Boréale, Encres vives, 2013

Talisman, L'Harmattan, 2013

La chambre des parents, La Porte, 2012

Créer l'ouvert, éditions de l'Atlantique, 2011

Pieuvre, Jacques André éditeur, 2011

Pierre noire, éditions de l'Atlantique, 2010

Même si, pré # carré, 2009

Fissures et voix, Encres vives, 2009

Entre le verre et la menthe, Jacques André éditeur, 2008

Il y a des lunes, Encres vives, 2008

Le chant de l'ange, Encres vives, 2007

La mer, peut-être, Encres vives, 2006

Échos, Encres vives, 2006

 

Recueils collectifs :

Anthologie "Dire oui" proposée par Florence Saint Roch sur le site Terre à ciel, 2021

Le courage des vivants. Anthologie dirigée par Christine Durif-Brucker et Alain Crozier. Jacques André éditeur, 2020

Duos : : 118 jeunes poètes de langue française né(e)s à partir de 1970. Anthologie dirigée par Lydia Padellec. Maison de la Poésie Rhône-Alpes, 2018

Little Big Book Artist - LYON, livre d'artiste réalisé avec André Jolivet (peintre). Textes de Samantha Barendson - Valérie Canat de Chizy - Pauline Catherinot - Mohammed El Amraoui - Frédérick Houdaer - Sabine Huynh - André Jolivet - Rodrigue Lavallé - Hélène Massip - Jean-Jacques Nuel - Christophe Petchanatz - Fabienne Swiatly - Khal Torabully, 2017. Pour en savoir plus, voir la page consacrée à André Jolivet sur le site Terre à ciel.

Momento nudo, Anthologie de l'Arbre à paroles, 2013

L'abandon des sources. Haute-Loire par Guylaine Carrot chez Jacques André Editeur. Recueil de photographies et de textes avec 19 écrivains et poètes, 2012

 

Lectures :

Librairie La Virevolte. Lecture de "caché dévoilé", 14 novembre 2019

Ateliers des Terreaux, avec Grégoire Damon, Marlène Tissot, Martin Laquet, Fabien Drouet, le 16 mars 2018

Lecture Verso, avec Florentine Rey et Barbara Le Moëne, salle Bourgelat (Lyon 2ème), le 2 février 2018

Bibliothèque municipale de Lyon 2ème : lecture collective du Little Big Book Artist - LYON, avec Samantha Barendson, Pauline Catherinot,  Mohammed El Amraoui, Frédérick Houdaer, Sabine Huynh, André Jolivet,  Hélène Massip, Jean-Jacques Nuel, Khal Torabully, le 12 octobre 2017

Librairie Les yeux dans les arbres (Lyon Croix-Rousse), avec Chloé Landriot, le 28 septembre 2017

Librairie Vivement Dimanche (Lyon Croix-Rousse), avec Katherine L. Battaiellie, Grégoire Damon et Jean-Baptiste Cabaud, le 10 mars 2016

Théâtre d'Aurillac, le 2 février 2016, dans le cadre des "Moments poétiques d'Aurillac"

Galerie Mandon (Lyon 2e), lecture de "Poetry" avec Muriel Carrupt et Nicolas Guay (guitare), le 22 octobre 2015

Coïncidences poétiques (Patadôme d'Irigny), avec Patrick Dubost, le 19 novembre 2013

Agend'arts (Lyon 4e), avec Marie-Ange Sebasti et Alain Wexler, le 5 juin 2013

Librairie La Lucarne des écrivains (Paris), lecture Verso, le 19 avril 2013

Paroles en Archipel (BM Lyon 8e), avec Michel Dunand, le 7 décembre 2012

 

 

Pour me contacter : canatdechizy.valerie@free.fr

 

12:40 Publié dans Bio-Bibliographie