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05/05/2008

LE PETIT PRINCE

Le petit prince fit l'ascension d'une haute montagne. Les seules montagnes qu'il eût jamais connues étaient les trois volcans qui lui arrivaient au genou. Et il se servait du volcan éteint comme d'un tabouret. "D'une montagne haute comme celle-ci, se dit-il donc, j'apercevrai d'un coup toute la planète et tous les hommes..." Mais il n'aperçut rien que des aiguilles de roc bien aiguisées.
"Bonjour, dit-il à tout hasard.
– Bonjour... Bonjour... Bonjour..., répondit l'écho.
– Qui êtes-vous ? dit le petit prince.
– Qui êtes-vous... qui êtes-vous... qui êtes-vous..., répondit l'écho.
– Soyez mes amis, je suis seul, dit-il.
– Je suis seul... je suis seul... je suis seul...", répondit l'écho.


Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Folio Junior, Gallimard Jeunesse, 2004, p. 63

12:35 Publié dans La poésie des autres

04/05/2008

MARINE

Les chars d'argent et de cuivre –
Les proues d'acier et d'argent –
Battent l'écume, –
Soulèvent les souches des ronces.
Les courants de la lande
Et les ornières immenses du reflux
Filent circulairement vers l'est,
Vers les piliers de la forêt, –
Vers les fût de la jetée,
Dont l'angle est heurté par des tourbillons de lumière.


Arthur Rimbaud, Illuminations, GF-Flammarion, 1995, p. 88

23:35 Publié dans La poésie des autres

LE SURSAUT

cherche
la racine de tes mots

le silence
a déposé son mutisme
dans un pré de tulipes

souviens-toi
la robe bleue

les jouets
avant le petit déjeuner

le sursaut


entre le verre et la menthe, Jacques André Éditeur, 2008, p. 49

15:45 Publié dans La poésie des autres

03/05/2008

LE SEPTIEME SOMMET

J'ai pour te bâtir un tombeau
des mots du soleil et des rêves,
rien qui appartienne au poids du monde,
rien qui t'impose une mort enchaînée,
rien qui ralentisse ta course plus haut
que tous les sommets.

Tu vois je t'invente
un tombeau sans dorure,
sans marbre ni couronne, je t'élève
moins qu'une stèle perdue dans le désert,
je t'offre un souffle de sable et de vent,
tombeau d'oiseau migrateur,
tombeau de papillon bleu,
tombeau de cerf-volant.

Au plain-chant de l'univers
tu es le rire de la pure lumière,
la joie sans ombre qui donne
et donne encore présence à l'impossible,
comme ce poisson que tu léguais au ciel
ou ces fleurs qui acceptaient pour toi seule
d'éclore sous la lune.

Alors depuis les ténèbres où je suis,
moi le quasi-mécréant je te crie
que s'il est une autre Jérusalem,
tu es ma femme céleste.


André Velter, Le septième sommet : poèmes pour Chantal Mauduit, NRF Gallimard, 2000, p. 9-10

14:03 Publié dans La poésie des autres

FISSURES ET VOIX

Le socle vacille
En quelle terre
Tomber Se briser ?

À quelle roche
Se mesurer

Les doigts entaillés
De parois sombres
Et profondes

Le cœur obscurci ?

Au centre du noyau
La lumière s’écartèle
Repousse les parois

Fissures
Et voix


Recueil inédit

12:32 Publié dans La poésie des autres

COEUR

Suffit d'une bougie
Pour éclairer le monde
Autour duquel ta vie
Fait sourdement ta ronde,
Coeur lent qui t'accoutumes
Et tu ne sais à quoi,
Coeur grave qui résumes
Dans le plus sûr de toi
Des terres sans feuillage,
Des routes sans chevaux,
Un vaisseau sans visages
Et des vagues sans eaux.
Mais des milliers d'enfants
Sur la place s'élancent
En poussant de tels cris
De leurs frêles poitrines
Qu'un homme à barbe noire
- De quel monde venu ? -
D'un seul geste les chasse
Jusqu'au fond de la nue.

Alors de nouveau, seul,
Dans la chair tu tâtonnes,
Coeur plus près du linceul,
Coeur de grande personne.


Jules Supervielle, Gravitations, NRF Poésie/Gallimard, 1994, p. 150-151

11:57 Publié dans La poésie des autres

02/05/2008

ET VIVRE ETAIT SUBLIME

Elle se précipita lorsque la sonnette retentit. Mais arrivée dans le vestibule, elle fit demi-tour. Avait-elle bien enlevé la poudre ? De retour au salon, elle resta devant la glace, s'y regarda sans s'y voir. Le sang battant à ses oreilles, elle se décida enfin, s'élança, faillit tomber, ouvrit la porte. Comment allez-vous ? lui demanda-t-elle avec le naturel d'un chanteur d'opérette faisant du parlé.

[...]

Lèvres tremblantes, elle lui proposa une tasse de thé. Il accepta avec impassibilité. Guindée, les joues enflammées, elle versa du thé sur le guéridon, dans les soucoupes, et même dans les tasses, demanda pardon, tendit ensuite d'une main le petit pot à lait et de l'autre les rondelles de citron. Laine ou coton ? demanda-t-elle. Il eut un rire, et elle osa le regarder. Il eut un sourire, et elle lui tendit les mains. Il les prit, et il plia le genou devant elle. Inspirée, elle plia le genou devant lui, et si noblement qu'elle renversa la théière, les tasses, le pot à lait et toutes les rondelles de citron. Agenouillés, ils se souriaient, dents éclatantes, dents de jeunesse. Agenouillés, ils étaient ridicules, ils étaient fiers et beaux, et vivre était sublime.


Albert Cohen, Belle du Seigneur, NRF Gallimard, 1995, p. 386-387

16:25 Publié dans La poésie des autres

LE SILENCE SOUS LES FEUILLAGES

rondeur d'un ballon
oublié
sur le rebord d'une table

restes de dessert
fondant au chocolat
framboises fraîchement cueillies

couverts d'argent
au loin résonnent des voix
des rires

le rocher penche
la source le recouvre

le silence sous les feuillages
cisèle le temps


entre le verre et la menthe, Jacques André Éditeur, 2008, p. 41

03:40 Publié dans La poésie des autres

COMMUNE PRESENCE

Tu es pressé d'écrire,
Comme si tu étais en retard sur la vie.
S'il en est ainsi fais cortège à tes sources.
Hâte-toi.
Hâte-toi de transmettre
Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance.
Effectivement tu es en retard sur la vie,
La vie inexprimable,
La seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t'unir,
Celle qui t'est refusée chaque jour par les êtres et par les choses,
Dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés
Au bout de combats sans merci.
Hors d'elle, tout n'est qu'agonie soumise, fin grossière.
Si tu rencontres la mort durant ton labeur,
Reçois-la comme la nuque en sueur trouve bon le mouchoir aride,
En t'inclinant.
Si tu veux rire,
Offre ta soumission,
Jamais tes armes.
Tu as été créé pour des moments peu communs.
Modifie-toi, disparais sans regret
Au gré de la rigueur suave.
Quartier suivant quartier la liquidation du monde se poursuit
Sans interruption,
Sans égarement.

Essaime la poussière.
Nul ne décèlera votre union.


René Char, Commune présence, NRF Poésie/Gallimard, 2005, p. 6-7

01:35 Publié dans La poésie des autres

01/05/2008

ENTRE LE VERRE ET LA MENTHE

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Ce livre a été écrit dans un esprit de résistance.

Comment nommer l'aliénation, quand la singularité est menacée par le joug du conformisme et de la négation ?

Résistance face à l'adversité, alors que ma liberté individuelle a été fortement remise en question.

Je remercie celles et ceux qui m'ont accompagnée, de près ou de loin, m'ont encouragée à poursuivre ce chemin merveilleux et tortueux qu'est la poésie.

22:55 Publié dans La poésie des autres