22/09/2008
ÉCRIRE
C’est dans une maison qu’on est seul. Et pas au-dehors d’elle mais au-dedans d’elle. Dans le parc il y a des oiseaux, des chats. Mais aussi une fois, un écureuil, un furet. On n’est pas seul dans un parc. Mais dans la maison, on est si seul qu’on en est égaré quelquefois. C’est maintenant que je sais y être restée dix ans. Seule. Et pour écrire des livres qui m’ont fait savoir, à moi et aux autres, que j’étais l’écrivain que je suis. Comment est-ce que ça s’est passé ? Et comment peut-on le dire ? Ce que je peux dire c’est que la sorte de solitude de Neauphle a été faite par moi. Pour moi. Et que c’est seulement dans cette maison que je suis seule. Pour écrire. Pour écrire pas comme je l’avais fait jusque-là. Mais écrire des livres encore inconnus de moi et jamais encore décidés par moi et jamais décidés par personne.
Marguerite Duras, Écrire, Folio/Gallimard, p. 1319:25 Publié dans La poésie des autres
16/09/2008
NAISSANCES
Donc, sans fin, des enfants naissent, ça naît, ça y est…
Mais la naissance ne s’écrit pas davantage que l’écriture n’a de naissance. Rien qu’une échappée, un passage, comme ces mots qui nous traversent et coulent sur leurs galets d’émail, leurs lits de muqueuses, mais dont la source reste inaccessible, lointaine et toujours extérieure. Parfois, nous avons cru trouver les mots. Parfois, les mots se sont perdus. Jamais nous ne les aurons vus jaillir.
Miracle de la naissance : jusqu’au bout, je fus incapable d’imaginer l’enfant qui arrivait, et brutalement, c’est lui, unique et familier, c’est bien lui, cet être neuf que je palpe et à qui je parle en suant sang et eau pour passer ses bras blancs et mous dans les manches des premiers vêtements si petits.
Pierre Péju, Naissances, folio/Gallimard, p. 115(photographie de couverture)
22:20 Publié dans La poésie des autres
14/09/2008
LANGAGE
Je te parlerai un langage de pierre
(tu réponds avec un monosyllabe vert)
Je te parlerai un langage de neige
(tu réponds avec un éventail d’abeilles)
Je te parlerai un langage d’eau
(tu réponds avec une pirogue d’éclairs)
Je te parlerai un langage de sang
(tu réponds avec une tour d’oiseaux)
Octavio Paz, Le feu de chaque jour, Poésie/Gallimard, p. 73
18:25 Publié dans La poésie des autres
12/09/2008
LE MUR SE CREUSE
16:35 Publié dans La poésie des autres
08/09/2008
DE LA VIE EN SURNOMBRE
20:35 Publié dans La poésie des autres
02/09/2008
L'AMOUR EXTRÊME
Épaule de plomb
paume légère,
j’ai porté ton cercueil
et caressé ton corps de cendre.
Une nuit de chacals aux yeux rouges
couvre la source de mes nuits.
Tu me condamnes à n’être plus
que par défi, indomptable
dis-tu, irréductible et pur,
mais sans rien à maudire.
André Velter, L’amour extrême, Gallimard, 2002, p. 9
18:55 Publié dans La poésie des autres
01/09/2008
ÉLÉPHANTS
Visage ancré dans la roche
Pillage de sédiments
Strates strates rictus d’années
Poli de l’arrondi mais au dos
Le petit d’éléphant contre sa mère
Sculptures vivantes chaos
Des grottes emplies de fougères
Où constituer une couche végétale
Le dur emplit le silence
Masses d’ombres sous les arbres
Se mettent en mouvement
Craquelures de la peau
Rugosité des plissures
21:20 Publié dans La poésie des autres
30/08/2008
DANS LA LUMIÈRE DES SAISONS
Le silence est promesse de vie, et c’est pourquoi, à prendre conscience de celui qui règne ici, je me sens gagné par un profond bien-être, une confiance, le pressentiment que des heures pleines me seront accordées. De brusques embardées se produisent, et quelles fantastiques distances on se trouve parcourir à l’intérieur de soi en quelques secondes. Mystère de cet inconnu qui se présente et dont les changeants visages me conduisent de surprise en émerveillement.
Charles Juliet, Dans la lumière des saisons, P.O.L., 2005, p. 30
15:20 Publié dans La poésie des autres
27/08/2008
LES MOTS DU POÈME
Les mots du poème sont sans armure
Les mots du poème creusent dans la terre
L’autre soir un papillon virevoltait autour de la lampe
Ses ailes étaient d’un bel orange presque fauve
L’ampoule projetait une lumière crue
Le matin j’ai retrouvé sa dépouille sur le carrelage
Il était plié tout droit dans son linceul
Comme si au fond il savait ce qui l’attendait
C’était d’un tel naturel…
Il ne bougeait plus bien sûr
J’aurais pu ne pas le voir
Fermées ses ailes étaient beiges
On aurait dit une petite pochette
De papier, une boîte à secrets
Dans laquelle l’on rangerait
Tous les mots que l’on ne dit pas
De peur de gêner ou d’offusquer.
08:00 Publié dans La poésie des autres
23/08/2008
EDELWEISS
14:43 Publié dans La poésie des autres