Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

26/10/2014

JOURS ET AJOURS

PB110006.jpg

 

Avec la clarté grise de la fenêtre, vient le jour, ce silence étale, le lever et la tache blanche, brillante sur ton bras qui fait peau être à nouveau et coeur et pupille.

L'eau calme du jour.

*

Très grand calme sur ce jour où n'a pointé le soleil que tardivement dans la matinée.

Calme et grand silence.

Oeil neuf aussi, retour à l'amour simple.

Un jour qui fait suite à la mue, au dégagement de la gangue.

Je suis papillon sur l'arête veloutée de ma vie.

 

Georges Chich, Jours et ajours suivis de autres poèmes. Jacques André éditeur, 2014

16:10 Publié dans La poésie des autres

11/07/2014

D'ÊTRE LE COEUR OUVERT

P7030010.jpg

 

d'être le coeur ouvert

comme un bleuet

 

des mains étirent la chair

 

champs de coquelicots

vieilles pierres

 

forment une césure

la gorge rétrécit.

 

*

 

partir fuir

à l'ombre

des châtaigniers

dialoguer avec les pierres

tenir à distance les meutes

aux abois

visages déchirés qui se superposent

forment des taches sombres.

 

*

 

où est l'amour

les corps se heurtent

dans la pupille des chats

je vois la clarté jaune

du soleil la tendresse

du pain.

 

Extraits publiés dans Saraswati n°13 (mai 2014)

10:57 Publié dans La poésie des autres

28/06/2014

QUI SOUS LE BLANC SE TAIT

P1000399.JPG

 

plus dense que tu ne crois

la pierre porte la brûlure

vers le lieu exact touchant l'étoffe

 

non pas vers un point rouge tendu

par-dessus la faille

 

mais dans l'indéchiffrable

à l'arrière des yeux

dans l'odeur naissante du soir

 

n'oublie pas que sous les paupières

il faut mordre la nuit

 

qui sous le blanc se tait

 

Erwann Rougé, qui sous le blanc se tait, Editions Potentille, 2013

11:38 Publié dans La poésie des autres

11/04/2014

NAVIGUER DANS LES MARGES

Naviguer.jpg

 

bourgeons bourgeonnant

fièrement portés par les branches

promesse de vert et d'ombre

de fleurs de fruits de musiques

bourgeons feuilles endormies

 

l'arbre prodigue écoute en lui

germer ses frissons de pensées.

 

*

 

l'inespérée

l'étoile qui tombe dans ta main

habillée de lumières

de rêves filés en août

et puis l'étoile se givre

jusqu'à Noël espéré.

 

Luce Guilbaud, Naviguer dans les marges, SOC & FOC, 2013

18:53 Publié dans La poésie des autres

31/01/2014

COMME J'AI BESOIN

PC270010.jpg

 

Mon coeur ce sont les questions de l'enfant

Le lait du manque

Les miroirs du sang de l'oiseau

Un cimetière d'un pigeon domestique

Comment établir une trêve avec mon coeur

Comme ma chanson a besoin

de porter les plumes de l'âme

Comme mon épouse a besoin de se préparer

pour la braise de ma lèvre

et les feux de mes doigts

Et moi comme j'ai besoin

d'ouvrir

avec la lumière les fenêtres

de mon coeur pour la journée

 

Tarek Al Karmy, "Comme j'ai besoin" in Poésie de Palestine : anthologie rassemblée par Tahar Bekri, Al Manar, 2013

19:47 Publié dans La poésie des autres

01/01/2014

Stolons

P1000310.JPG

 

Ne plus exister qu’à soi-même

Chercher l’indifférence à l’autre

Pour mieux résister… Mais à quoi ?

 

Faut-il s’exiler disparaître

Sans se lasser de n’être plus ?

 

Plus qu’un avers décoloré

À l’œil vitreux au souffle court ?

 

Non. L’enjeu est de faire face

Et d’avoir un regard-aimant

Seul et unique dénouement

 

Gérard Gâcon, Stolons. Jacques André éditeur, 2013

18:23 Publié dans La poésie des autres

29/06/2013

CETTE PARCELLE INÉPUISABLE

P5020014.jpg

 

Bientôt crépiteront

des mots déconcertants

sur la laine de mes tapis

 

Des appels impatients

ébranleront toutes mes portes

 

Des colères violentes

mais courtes voleront

au jardin son silence

 

Bientôt l’enfant de ma maison

après son long sommeil

 

m’éveillera

 

Marie-Ange Sebasti, Cette parcelle inépuisable. Jacques André éditeur, 2013

13:44 Publié dans La poésie des autres

14/06/2013

PASSANT L'ÉTÉ

P9220015.jpg

 

Ce soir les rires roulent sur la plage. On les entend tomber des gorges avant de s’évanouir. Ils ne ressortent pas mais leur écho traîne encore quelques secondes. Quelques secondes bien mûres pendant lesquelles la légèreté se répand sur les doigts. Quelques secondes trop juteuses. Quelques secondes que l’on dévore comme de petits matins sucrés. Et frais. Délicieusement fragiles.

La nuit est claire. Le feu crépite. La fumée nous pique les yeux. On est repu.

 

Jean-Baptiste Pedini, Passant l’été. Cheyne éditeur, 2012, p. 17

18:55 Publié dans La poésie des autres

26/05/2013

PLUS TARD, ENCORE

P1000063.JPG

 

peu à peu le monde

est venu sur les lèvres

venu des mots du dedans

venu des mots du dehors

les lèvres sont

lisières

                   clairières

orée de la forêt des mots

 

peu à peu le monde

est venu

         visage

et d’autres visages

(et le verbe embrasser

est revenu

                  du brasier du monde)

 

 

Michaël Glück, Plus tard, encore, pré # carré, décembre 2012

10:33 Publié dans La poésie des autres

21/04/2013

LE JASMIN, LA NEIGE, l'ENFANCE

PA020010.jpg

 


J’ai seulement des choses très simples

le soleil s’est découpé peu à peu comme

ma mère découpait le pain

nous mettons la soupe sur la table

(ces choses au-dehors qui tombent lentement,

le jasmin, la neige, l’enfance)

goût de piments rouges et de dents heureuses

nos corps nous tiennent encore chaud quelque temps

dans l’âge avancé de la nuit.

 

Lorand Gaspar, Sol absolu, Poésie/Gallimard, 2001, p. 62

10:54 Publié dans La poésie des autres