20/07/2011
LES YEUX ASSIS SUR LA PLAGE
ses lèvres sont des noix de cajou salées par
la mer ses yeux deux olives noires au goût
pimenté que j’apprécie en accompagnement
de son corps voué au vent marin aux digues
qui retiennent les eaux où plonger avec elle
ô ma femme littorale aux seins de vignes en
terrasse sur fond de canigou rêvé dans une
comptine apprise en maternelle ma femme
de migration d’oiseaux survolant les étangs
Romain Fustier, Les yeux assis sur la plage, Éd. De l’Atlantique, 2010, p. 29
21:25 Publié dans La poésie des autres
06/07/2011
HAUTE PLAGE
Ils nous ont engrangés dans l’aurore
donné des ailes
pour traverser les jours
Ils nous ont indiqué l’espace des sittelles
et des aigles royaux
Notre héritage n’est pas forteresse
***
Autour de l’île, ma flottille
battait pavillon d’impatience
dans l’attente
des cargaisons promises
transportées lentement sur ces sentiers rebelles
habiles à dompter
l’incorrigible roc
***
Aussitôt dit
les soleils dénombrés
trouvaient une aire
où reposer leur course
Aussitôt faites
les ombres s’étiraient
volaient la sieste des soleils
Marie-Ange Sebasti, Haute plage, Jacques André éditeur, 2011, p. 7, 8, 12
20:04 Publié dans La poésie des autres
22/06/2011
histoire sans paroles
prendre un papier de fortune
un crayon de hasard
oublier le concret
oublier la main
entrer au profond de soi
tracer des signes sans message
écrire pour ne rien dire
simplement pour le désir
comme d’autres pour pleurer
d’autres pour chanter
***
c’est une histoire sans paroles
comme un vol d’oiseau sur la mer
des souvenirs qui tracent
dans l’espace
des nuées illuminées
c’est une histoire sans paroles
comme neige sur la ville
le temps façonne à son gré
mais le cœur manie le ciseau
le bonheur est œuvre d’art
Andrée Marik, publiée dans Friches n°104, 2010, p. 20-21
20:14 Publié dans La poésie des autres
24/05/2011
PARENTHÈSES
19:56 Publié dans La poésie des autres
10/05/2011
LES MOTS
Bien sûr, ce pourrait être autre chose. Comme ce nuage à portée de main, la route qui sillonne la forêt. Peu de chose, en somme. La maison et ses vieilles poutres, son bric-à-brac recouvert de poussière et de toiles d’araignées. A la fenêtre, le chat vient. Soleil matinal. Dans le bol, le thé fume, la cafetière crache sur le feu. C’est seulement le soir que viennent les mots, après l’orage. La pluie les a détrempés, ils viennent se coucher auprès du feu. Presque honteux d’avoir déserté aussi longtemps. Il n’a pas plu, mais les mots sont allés du côté de la pluie, là où le ciel est plombé d’un gris menaçant, en altitude, là où le vent souffle par rafales. Il leur fallait cela, vagabonder comme des chiens fugitifs, renifler le pas des promeneurs, les traces des renards, humer l’air humide. Se frotter à la bruyère, se rouler dans les ornières, grimper jusqu’au périphérique, puis redescendre. Alors, pourquoi se demander. Les mots. Ils mènent leur vie, voilà. Comme n’importe quel être. Comme le lilas de la cour, les jonquilles sauvages, l’écureuil au bord de la route. Ils sont. Nul besoin de chercher à les justifier.
17:03 Publié dans La poésie des autres
13/04/2011
PRÉSENCE
20:35 Publié dans La poésie des autres
10/04/2011
IL NE PLEUT PAS
Il ne pleut pas
Mais la pluie
Recouvre les cœurs
Et le corps
Dans la lumière
Crue
Des néons
Nuit et jour
La poitrine
Se soulève
Mes paroles
Se perdent
Dans le couloir
Je caresse
Son bras meurtri
Je lui chuchote
Des mots
Qui se perdent.
***
J’ai mal de te voir
De ne pouvoir
Te parler et
T’entendre me répondre
J’ai mal de ta nudité
Des tuyaux
Où coule du liquide
De toi
J’ai mal de tes
Meurtrissures
Du silence où tu baignes
Ce no man’s land
Où tu es.
***
Maintenant Papa
Malgré le soleil
Tu es si blanc
Ta peau a pris
Une couleur ivoire,
Si triste
Dans ton linceul
Il émane de toi
Une lumière pâle
Comme une nuée
Froide si froide
Que mon cœur
Fond et que je
Voudrais
Te prendre
Dans mes bras.
18:09 Publié dans La poésie des autres
09/04/2011
L'ATTENTE
L’attente
Au plus près
Des tuyaux
Branchés
L’air rentre
Par la bouche
La poitrine
Se soulève
Il y a du
Liquide
Dans des
Poches
Plastique.
***
L’écran affiche
Des courbes
Des chiffres
De couleur
Rien n’a changé
Dans la chambre
Les mains
Gonflent
Le visage s’affaisse
Un peu plus
Les yeux sont fermés
Le respirateur
Soulève
La poitrine.
***
Papa est loin
Les médecins
Nous disent
Il faut attendre
Les scanners
Montrent des lésions
Le cervelet
Est atteint
Un tuyau écoule
Le liquide
Papa
Ne bouge
Plus
Depuis
Plusieurs jours.
[…]
21:01 Publié dans La poésie des autres
02/04/2011
DE TOUS LES MOTS
De tous les mots
C’est lui le soleil
Mais alors les bras sont assez grands
Ouverts
***
Attendre
Dans le poème sans dire un mot
Trop simple d’appeler
Mais nécessaire
***
Arrivant elle est partout
D’être aussi blanche que bougeant
Surface dispersée toujours une
Aucune page à tourner
Ariane Dreyfus, La terre voudrait recommencer, Flammarion, 2010, p. 45, 47, 60
09:45 Publié dans La poésie des autres
11/03/2011
LE COMÉDIEN
18:47 Publié dans La poésie des autres