18/02/2011
MÉMOIRE
Garde ta mauvaise mémoire. Elle a sa raison d’être, sans doute.
*
Garde intacte ta faiblesse. Ne cherche pas à acquérir des forces, de celles surtout qui ne sont pas pour toi, qui ne te sont pas destinées, dont la nature te préservait, te préparant à autre chose.
*
Faute de soleil, sache mûrir dans la glace.
Henri Michaux, Poteaux d’angle, Poésie/Gallimard, 2007, p. 10, 13
07:35 Publié dans La poésie des autres
22/01/2011
VIENT DE PARAÎTRE : "PIERRE NOIRE"
21:29 Publié dans La poésie des autres
13/01/2011
TRAITÉ DU SILENCE
La maison du silence est une maison de vent. Les portes en sont transparentes, comme l’air quand il oscille dans la chaleur. Les fenêtres se ferment à toute parole et ainsi, de la musique du temps, on ne perçoit qu’un écho lointain et peut-être déformé. Au jour, le toit en est fait des cris des oiseaux de haut vol. Quand vient la nuit, il est alors fait du flot des nuées et de l’orage qu’elles portent bientôt. La maison du silence est cette ancienne demeure où la pluie est souriante et le soleil attentif.
Michel Thion, Traité du silence, Voix d’encre, 2004
10:44 Publié dans La poésie des autres
10/12/2010
LA CHAIR DES JOURS
Nuit
immense nuit
portée par les oiseaux
jusque dans le calice des fleurs
L’herbe a blanchi
comme s’il avait neigé
Qui est-il celui qui marche
avec des ailes brûlées de lune
Le peintre avec sa toile
un funambule
un poète
Il habite la rosée
dans le monde nouveau
en train de naître.
Annie Briet, La Chair des jours, SOC & FOC, 2009, p. 6
16:31 Publié dans La poésie des autres
26/11/2010
L'ÉTOFFE DE L'UNIVERS
Où est ma terre ?
Mon pays est partout
Sur toutes les terres du monde
Il est dans l’autre part
Il est dans l’ailleurs
Mon pays est partout
Au bord des alentours
Dans la halte
Et l’étape
Dans le vivre
Et la demeure
Dans le plus loin
Et dans l’ici.
Andrée Chedid, L’Étoffe de l’univers, Flammarion, 2010, p. 69
12:50 Publié dans La poésie des autres
14/11/2010
COMME MA FILLE
Me rappelle comme ma fille peau tendue cils de fils noirs me rappelle miroir de Chine fendant la glace du Beihai experts patins glissant le sifflement des lames sous les pagodes anciennes filant des parcours sourds sous ciel froid m’appelle encore comme ma fille que j’ai sue avant toi Valérie Harkness, Roseau, recueil inédit, 2009
22:34 Publié dans La poésie des autres
19/10/2010
COMBIEN DE NOMS
je marche autour de ces pierres
je les parle avec mes mains
pour nous rejoindre en un temps
où elles sortiront de nous
comme nous dans notre sommeil
peu à peu nous sortons d’elles
en nous approchant d’ensemble
elles sont du temps qui se tient
debout qui semble immobile
mais elles bougent elles sont déjà
dans nos mouvements chaque pas
se double d’invisible
notre portrait
en forme de chemin
Henri Meschonnic, Combien de noms, L’improviste, 1999, p. 49
17:02 Publié dans La poésie des autres
02/10/2010
NIERIKA
Le miroir
creuse un trou à
l’intérieur des
pierres
Et tourne
dans les quatre
fleurs de la rivière
immortelle
Lumière dressée sur son pied
qui désigne le chemin noir des
abeilles
Puis autre miroir
qui donne la réponse à la
question aveuglée
Transmets
le silence qui mange
le reflet de la cigale
Mon frère est en
bas dans le ciel
Mon frère est en
haut dans le feu
Serge Pey, Nierika : chants de vision de la contre-montagne, Maison de la poésie Rhône-Alpes, 2007, p. 138
16:04 Publié dans La poésie des autres
17/09/2010
MATIÈRE DE LUMIÈRE
Ici parlait l’indicible
Je vivais dans un corps dédoublé
La mer derrière le verger
S’ouvrait comme une fenêtre
Sur le ciel des chemins
L’île est une langue
Porteuse précaire du possible
Dans ses limites abruptes et douces
Des trèfles de l’improbable
Je comptais les feuilles de bonheur
Les mots venaient du vent
Par les creux des arbres
Entre les pierres
De la traversée
D’une chair de silence
…
Heather Dohollau, Matière de lumière, Folle avoine, 1985
15:32 Publié dans La poésie des autres
03/09/2010
UN MONDE OUVERT
Mais quand je marche seul
sur les rochers ou les prés marins
c’est le silence qui s’illumine
et je ne pense ni à la culture
ni même à la subsistance
il n’est question
que d’aller plus loin au-dehors
toujours plus loin au-dehors
vers l’extrême ligne de lumière.
Kenneth White, Un monde ouvert, Poésie/Gallimard, 2007, p. 140
17:32 Publié dans La poésie des autres