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07/05/2008

MÊME SI

Même si
Peu
Au fil de l'eau
Il reste des lettres
À tracer à lire
Même si
S'écoule le sable
Dans le temps
Requin
Filtre la peau.

08:55 Publié dans La poésie des autres

VIVRE

Pour avoir mis le pied
Sur le coeur de la nuit
Je suis un homme pris
Dans les rets étoilés.

J'ignore le repos
Que connaissent les hommes
Et même mon sommeil
Est dévoré de ciel.

Nudité de mes jours,
On t'a crucifiée ;
Oiseaux de la forêt
Dans l'air tiède, glacés.

Ah ! vous tombez des arbres.


Jules Supervielle, Gravitations, NRF Poésie/Gallimard, 1994, p. 153

08:50 Publié dans La poésie des autres

05/05/2008

MARDIS D'ISABELLE

Les Mardis d'Isabelle, soirées poétiques animées par Anne-Lise Blanchard, accueillent

mardi 20 mai à 20 h

Fabrice Vigne en duo avec Christophe Sacchetini pour une lecture musicale de son dernier roman "Les Giètes"

35 rue Sainte-Hélène 69002 Lyon M° Bellecour

Participation : 3 euros et un mets ou une boisson

Réservation : 06 63 92 97 23

Soirée fabuleuse en perspective. Faites-le savoir et venez nombreux !


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Anne-Lise Blanchard (à Gauche) avec Chantal Dupuy-Dunier.
Mars 2007

(Photographie de Denis Langlois)

19:25

VERSET DES BRÛLURES

Au sommet de l'arbre
velours d'une nuit très longue

Qui m'entraîne
fleuve ou vent ?

***

Recrue d'énigme
et pourtant
déchirure du voile délices de l'ouïe

sève sur le tambour du mortier

***

Rassasiée avide
le détruit empierre la voie
inventorie la confluence

***

Abolie engendrée
abolie engendrée

***

Ce qui fait trembler s'égarer
excède les confins

***

Ce qui fait trembler
s'égarer

hors nom qui oscille


Geneviève Vidal, Libations, Jacques André Éditeur, 2005, p. 18-20 ; 23-25

14:20 Publié dans La poésie des autres

LE PETIT PRINCE

Le petit prince fit l'ascension d'une haute montagne. Les seules montagnes qu'il eût jamais connues étaient les trois volcans qui lui arrivaient au genou. Et il se servait du volcan éteint comme d'un tabouret. "D'une montagne haute comme celle-ci, se dit-il donc, j'apercevrai d'un coup toute la planète et tous les hommes..." Mais il n'aperçut rien que des aiguilles de roc bien aiguisées.
"Bonjour, dit-il à tout hasard.
– Bonjour... Bonjour... Bonjour..., répondit l'écho.
– Qui êtes-vous ? dit le petit prince.
– Qui êtes-vous... qui êtes-vous... qui êtes-vous..., répondit l'écho.
– Soyez mes amis, je suis seul, dit-il.
– Je suis seul... je suis seul... je suis seul...", répondit l'écho.


Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Folio Junior, Gallimard Jeunesse, 2004, p. 63

12:35 Publié dans La poésie des autres

04/05/2008

MARINE

Les chars d'argent et de cuivre –
Les proues d'acier et d'argent –
Battent l'écume, –
Soulèvent les souches des ronces.
Les courants de la lande
Et les ornières immenses du reflux
Filent circulairement vers l'est,
Vers les piliers de la forêt, –
Vers les fût de la jetée,
Dont l'angle est heurté par des tourbillons de lumière.


Arthur Rimbaud, Illuminations, GF-Flammarion, 1995, p. 88

23:35 Publié dans La poésie des autres

POEMES EPARS

Ivan Watelle dirige la revue Poèmes épars.

Il expose ses peintures du 25 avril au 2 juin 2008.

Radisson
Tour du Crédit Lyonnais
129, rue Servient
69003 Lyon.

Contact : poemes_epars@yahoo.fr

22:13

UN LIVRE POUR LA PLUIE

Un livre traversé par la pluie. La pluie trace les lignes de vie dans l'épaisseur de la feuille, lave les vitres, quand la douleur creuse de larges tranchées rouges. La pluie s'immisce au travers de l'encre / et atténue les aspérités de l'horrible monde / ces serpents ces crabes et ces humains // ces peuples attirés par la foudre et la guerre. J'écris un livre pour la pluie / abondante et fertilisante / cette vie naturelle et unique. L'écriture est une autre pluie, une tendresse dans la main / cette transpiration de la vie malgré les coups et les hurlements. Dans un paysage dévasté, la pluie creuse des rigoles qui entraînent une boue mêlée de sang et d'eau. Une vision pessimiste de la nature humaine et du monde, donc, accompagnée d'une lutte contre les démons intérieurs : L'homme sous ma paume se débat contre ses obsessions / et la pluie en ruisselets lourds et opaques ne lave plus son enfer, / dans la plaine à grands pas les astres fuient. La pluie est aussi l'espoir, comme une promesse à naître ou à fleurir // une graine à lever, alors que le monde est plongé dans une eau putride et cinglante. Le recueil se clôt sur un regret, celui de l'auteur de n'avoir pas su écrire le livre qui tenait entre ses pages la résine de la vie. L'univers n'a pas voulu attendre une autre averse / alors j'ai forcé la pluie / à me dévorer la main.


Jean-Michel Bongiraud, Un livre pour la pluie, Editinter, 2007
Chronique parue dans Verso n° 130 (sept. 2007).

16:00 Publié dans Chroniques

LE SURSAUT

cherche
la racine de tes mots

le silence
a déposé son mutisme
dans un pré de tulipes

souviens-toi
la robe bleue

les jouets
avant le petit déjeuner

le sursaut


entre le verre et la menthe, Jacques André Éditeur, 2008, p. 49

15:45 Publié dans La poésie des autres

03/05/2008

MES DOIGTS SONT MES FENÊTRES

Terrée chez moi. Mes doigts sont mes fenêtres. Il n’y a que cela de vraiment juste. L’acte posé, structuré. Le chat dort sur le divan. Curieux foyer. Une jeune femme solitaire écrit, avec pour seul compagnon, son chat. Peu de sorties. Pas de mails, pas ou peu de téléphone. Mon seul lien avec l’extérieur, Internet. Mesurer chaque centimètre. Avec une règle je trace des traits au crayon à papier. Des lignes. Faisceau. Les mots deviennent parole, ouverture, échange. Ils se détachent de la feuille, vivent leur vie. Vous tous autour de moi, je suis sûre que vous m’entendez. Moi je vous lis. Parfois. Est-il besoin de se parler ? Qu’est-ce la vie ? Le travail ? L’écriture. Je suis dans une poche, je ne sais si je parviendrai à en sortir un jour. La matrice. Je n’en suis jamais vraiment sortie. J’avance d’une case, recule de deux. Je progresse dans et par la poésie. Mon corps. Ouvrir, fermer. Trop ou trop peu. Le dialogue. Que dire, comment le dire, comment me comporter. La fusion. Le rejet. La coquille. L’écriture encore. Pour me tuer, il suffirait de m’empêcher d’écrire. Me mettre des chaînes autour, m’attacher à une chaise. Me forcer à mener une vie « normale ». Parler « normalement », être à l’aise « normalement », converser « normalement ».


6 avril 2008

23:38