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13/06/2008

NOUS N'AVIONS PAS CHOISI

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Nous n’avions pas choisi de nous aventurer aux confins de la vie. Nous ne savions pas. Mais au fond de nous, nous pressentions l’existence d’une réalité autre, que nous ne pouvions aborder qu’à la condition sine qua non d’y avoir été préparés. Nous brûlions chaque jour notre peau au fer rouge sorti des forges. Nous nous sommes quittés au bout du couloir sombre, là où la lumière a détaché nos pas. Ce fut comme si nous ne nous étions jamais connus.

08:40 Publié dans La poésie des autres

11/06/2008

VARIATIONS POUR UN ORAGE

Les chemins de poussière rouge / La brume du blé / À peine emblavé / La marche continue / Le dos criblé d’éclairs / Toujours avancer sur l’arrondi du soir. Ou comment le corps s’empreint du paysage, comme pour mieux le moduler. Se laisse percevoir une peur de l’avenir et une oscillation, que semble compenser le plein de la chair, alors le consenti d’une respiration, / l’espérance d’une vie / s’empourpre pour un rien. L’écoute, le regard sont à l’affût des perceptions sur la peau, de souvenirs perdus ; l’aventure des mots passe par le silence / le cri de l’algonquin veut ravager l’oubli. Émerge alors, avec la chaleur / en croûte / en poudres, / en cendres, / un feu de sang sur les collines, / et la colère, le noir / le noir encore, / le noir. Au milieu des cognements des marteaux-piqueurs, les pas s’égarent, à la recherche d’une illusion : sous les pavés / croire à la plage… Le sang afflue, jus de grenade, les saules et le vent valsent, s’enlacent. Attente au bord de la pluie, le vent à la nuque des herbes, / un timbre de fauvette, de moineaux. La musique et la danse au-dessus de l’abîme de la douleur, ce qu’il te fait de mal, de dur / qui craque sur les os / les durcit, les élime. Écrasement, démembrement, quelle importance pour l’Histoire / un remue-ménage du cœur.  Et pourtant, il suffisait de fermer les yeux / de frôler du doigt les paupières / pour apercevoir le clocher étoilé de bleu.

Hélène Vidal, Variations pour un orage, Éclats d’encre, 2006

(Verso n°130)

 

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07:35 Publié dans Chroniques

10/06/2008

LA VOIX CLAIRE

 

 

La voix claire

 

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            alouette

 

 

            dans l’ouverture

            d’un visage

 

 

            une clarté

            au bord

            des paupières

 

 

            le soleil

            sur les lattes

            de bois

 

10:25 Publié dans La poésie des autres

09/06/2008

LA POÉSIE...

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La poésie est-elle cette brèche ouvrant sur l’inconnu, sur ce qui sans elle n’existerait pas, une planche de salut risquant à tout moment de s’effondrer ? D’un côté, le réel, l’ancrage, ce que l’on nomme la normalité ; de l’autre, l’art. Au milieu, la poésie, des mots subrepticement tissés au-dessus du vide, des coquilles d’escargots, des antennes prêtes à se replier. Écrire est un acte d’équilibrisme, mais vivre sans écrire, c’est être condamné au broyage des phalanges et des mâchoires, à la négation de l’existence lorsqu’elle s’écarte des sentiers balisés.

13:50 Publié dans La poésie des autres

07/06/2008

POURQUOI TANT DE PIERRES

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Pourquoi

 

            tant de pierres

            tant de pigments

 

            de paroles coupées

 

            d’espaces

            pris entre

            deux absences

 

            tant de pesanteur

            dans l’apesanteur

 

 

Les failles

 

sont des corniches

            où perdre pied

 

21:15 Publié dans La poésie des autres

06/06/2008

NE ME DITES PAS

8ef48f530adeec38aae85db3ba7dd3c0.jpgNe me dites pas

 

            les briques

            contre la vitre

 

            une toile d’araignée

            géante

 

            au ventre incrusté

           

            déployant à l’infini

 

            ses rets

 

15:00 Publié dans La poésie des autres

L'HORIZON

 

L’horizon et sa courbe circulaire

 

Les écailles de la mer

 

Le crissement sous les ailes

 

Il faut ramer

            à même la masse

            semi liquide

 

Gober des goulées

            d’eau saumâtre

 

Se couler dans le bronze

11:59 Publié dans La poésie des autres

05/06/2008

VACCINÉE

Vaccinée de la certitude

            d’être acceptée

 

            dans le rejet

            bols

            contre murs

 

            camisole

 

            j’entoure

            mon buste

            de mes bras

21:40 Publié dans La poésie des autres

MAIN DE POUSSIÈRE

qu'est-ce que la vie

ta langue touche l'oeil
elle brûle dans la lumière

tu tends ta main de poussière
trop de lettres sous les ongles

encore un peu de rien
dans le mot corps

quelqu'un rampe là-bas
hors de ta face


Bernard Noël, Extraits du corps, NRF Poésie/Gallimard, 2006, p. 235

13:00 Publié dans La poésie des autres

J'ENTRETIENS LE SILENCE

 

 

J'entretiens le silence

à me meurtrir

00:25 Publié dans La poésie des autres