09/06/2008
LA POÉSIE...
La poésie est-elle cette brèche ouvrant sur l’inconnu, sur ce qui sans elle n’existerait pas, une planche de salut risquant à tout moment de s’effondrer ? D’un côté, le réel, l’ancrage, ce que l’on nomme la normalité ; de l’autre, l’art. Au milieu, la poésie, des mots subrepticement tissés au-dessus du vide, des coquilles d’escargots, des antennes prêtes à se replier. Écrire est un acte d’équilibrisme, mais vivre sans écrire, c’est être condamné au broyage des phalanges et des mâchoires, à la négation de l’existence lorsqu’elle s’écarte des sentiers balisés.
13:50 Publié dans La poésie des autres
07/06/2008
POURQUOI TANT DE PIERRES
21:15 Publié dans La poésie des autres
06/06/2008
NE ME DITES PAS
15:00 Publié dans La poésie des autres
L'HORIZON
L’horizon et sa courbe circulaire
Les écailles de la mer
Le crissement sous les ailes
Il faut ramer
à même la masse
semi liquide
Gober des goulées
d’eau saumâtre
Se couler dans le bronze
11:59 Publié dans La poésie des autres
05/06/2008
VACCINÉE
Vaccinée de la certitude
d’être acceptée
dans le rejet
bols
contre murs
camisole
j’entoure
mon buste
de mes bras
21:40 Publié dans La poésie des autres
MAIN DE POUSSIÈRE
qu'est-ce que la vie
ta langue touche l'oeil
elle brûle dans la lumière
tu tends ta main de poussière
trop de lettres sous les ongles
encore un peu de rien
dans le mot corps
quelqu'un rampe là-bas
hors de ta face
Bernard Noël, Extraits du corps, NRF Poésie/Gallimard, 2006, p. 235
13:00 Publié dans La poésie des autres
J'ENTRETIENS LE SILENCE
J'entretiens le silence
à me meurtrir
00:25 Publié dans La poésie des autres
04/06/2008
LA LICORNE D'HANNIBAL
La Licorne d'Hannibal est une revue artistique et littéraire basée à Perpignan. Cette revue collective est celle du "Cercle des Authentiques Cabochards de l'If". Chaque numéro axe sa thématique sur un artiste et un écrivain, le plus souvent méconnus du grand public, et propose une sélection de textes des Cabochards de l'If.
La diversité, l'originalité, l'ouverture d'esprit caractérisent cette revue. Au niveau artistique – photographie, sculpture sur pierre, sur bois, peinture, aquarelle, dessin... – La Licorne d'Hannibal nous surprend par sa capacité à se renouveler.
Les derniers dossiers étaient consacrés à Bernard Combes (n°16), Gérard Jaubert et Pascale Oriot (n°17), enfin Ganbaatar Choimbol : une histoire de la Mongolie tout en dessins et Marc Espelta, qui réhabilite de manière personnelle les mots obsolètes, rares et oubliés (dernier n°18).
Longue vie à La Licorne !
licornehannibal@wanadoo.fr
23:50 Publié dans Chroniques
03/06/2008
FRUITS
mon poids de vie
je te pose
sur la margelle
où dort le chat
dans la clarté jaune paille
je laisse la matière m'imprégner
celle des arbres des feuilles
de la terre
celle que je bois
je ne dépendrai plus de personne
seulement de mon bout de terrain
que je bêche du matin au soir
je récolterai des haricots
des tomates des laitues
des courges pour l'hiver
il y aura des arbres
qui me donneront
des pêches des abricots des poires
des mirabelles que je ferai cuire
pour les tartes les confitures
Entre le verre et la menthe, Jacques André Éditeur, 2008, p. 18
19:55 Publié dans La poésie des autres
LE BONHEUR NE DORT QUE D'UN OEIL
Une toile de couleurs pastel où la nature prédomine, bruissante ; une ode à la contemplation où se mêlent inquiétude et espérance. Lise Mathieu sème ses mots comme autant de petits cailloux, afin d'être sûre que l'on pourra toujours la retrouver, dans la fragilité d'être et cette incertitude que l'on devine, tapie derrière les mots. Le jeu d'ombre et de lumière teinte le recueil, et l'on retrouve la marque d'un enfouissement dans lequel voudraient se dissimuler les contradictions douloureuses d'une psyché empreinte de profondeur. Tant de brouillard de ciel et de vent // Et les mortels embrassements / De l'ombre et de la lumière. La douleur est perceptible – J'essaie de retenir // Un peu d'eau / Sous mes paupières // Mais il ne reste rien / Qu'un peu de peau / Beaucoup de pierres –, de même que la mélancolie : Je marche sur mon âme / Qui me suit en boîtant. La présence à la nature apporte ici un souffle, une respiration, la vie alors se remet à circuler : Avec mon feuillage / Un oiseau me traverse / Comme une idée // Des grains de lumière / Et des grains de nuit / Bougent dans mon corps ; une vie en constant va-et-vient entre extérieur et intérieur : J'ai lancé mes pensées / Dans la nuit / Faucons bagués // Toutes mes pensées dehors / Et le vide en moi / Comme une source sans murmure. La peau est comme un voile de réceptivité qui s'imprégnerait du dehors, l'absorberait dans son immensité : La paume du ciel sur mon front / Et les étoiles / Loin derrière. Car le dehors a une âme. Rien / rien d'aussi vrai / Que le regard sur moi / De l'oiseau / Arraché à la nuit. C'est peut-être là que se trouve le secret du bonheur.
Lise Mathieu, Le bonheur ne dort que d'un oeil. L'atelier imaginaire / Le Castor astral, 2006
Chronique parue dans Verso n°131 (déc. 2007)
15:20 Publié dans Chroniques