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24/01/2018

NOUS SALUONS LES ORAGES

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Nous saluons les orages

les renards boivent l'eau des bois

il fait souple dans ma cabane

approche ta main : elle brûle

tel feu de bois où craquent

des bûches un peu vertes

et j'aime ta respiration ample

près de mon corps assoupi

il est temps de vivre vite

les joues et les mains jointes

ah, j'aime ces instants fluides

qui ont en commun avec la mer

l'élément liquide et l'alternance

de violence et de douceur.

 

Emmanuelle Le Cam, Nous saluons les orages. Raphaël de Surtis, 2017

14:59 Publié dans La poésie des autres

21/12/2017

LE POÈME CORRESPONDANT

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17:25 Publié dans Recueils parus

04/12/2017

APPELS EN ABSENCE

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Saison après saison

les mêmes gestes pour le retour

la table mise les vitres claires

à peine une hésitation de la main

et la langue lèche l'usure des choses

la tête prise entre deux éclaircies

nous puisons à même la peau

l'imparfait du dialogue

la table mise les vitres claires

le rouge du sourire

l'attendu convoqué.

 

*

 

Les hirondelles ont tant de joie

à découdre le ciel

jardin terre débris de fleurs

des mots me viennent raniment

corps sans force les mains inutiles

le soleil découpe la terrasse

l'absence du chat me met à nu

tu es parti

ton sac de mer est toujours prêt

les cartes des rivages d'où tu appelleras

fil coeur à coeur déroulé dès le seuil.

 

 

Luce Guilbaud, Appels en absence. Les éditions du Petit Pois, 2017

 

11:34 Publié dans La poésie des autres

13/11/2017

BOIS DE PEU DE POIDS (hiver-printemps)

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ce lézard sur votre terrasse la traversant

dans le soleil du matin / il rachète

par son passage / son chauffé de paresse /

toute cette faune aux coups en douce

 

l'automne dernier / loirs qui ont dévoré

les poires dans les cagettes / les kiwis

 

à mûrir dans la serre ont dérobé

 

avant d'hiverner / poil gris sans bruit

& queue touffue furtivement dans la nuit

sans doute / as-tu pensé trop tard /

& souris & consorts qui opèrent

 

dans la cave durant les mois froids

que ces écailles balaient avec leur retour /

 

allez-vous-en rongeurs au printemps

 

Romain Fustier, Bois de peu de poids (hiver-printemps). Lanskine, 2017

 

09:14 Publié dans La poésie des autres

20/10/2017

(un peu)

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Tu voulais danser

sur cette chanson d’amour idiote

me serrer dans tes bras

en tournoyant sous les étoiles

tu étais presque aussi ivre que moi

« La vie est belle » tu as dit

et j’ai fait semblant d’y croire

(un peu)

on est tombés là

dans l’herbe humide

et on y est restés

parce que c’était pas pire qu’ailleurs

parce qu’on était incapables

de se relever

parce que nos solitudes

l’une contre l’autre

se tenaient chaud et

se rassuraient

(un peu)

 

Marlène Tissot, Histoires (presque) vraies. Le pédalo ivre, 2015

 

11:26 Publié dans La poésie des autres

24/08/2017

ANCRÉS

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Tout pèse et tire alentour

L'oeil peine à quadriller l'espace

 

Alors nous opposons quelques signes

au pouvoir de la nuit

 

Quelques paroles fichées en terre

pour le flux mouvant des ombres

 

Comme si seule comptait

notre présence dans le noir.

 

*

 

L'espace a besoin de nous

pour se savoir espace

 

Nous avons besoin de lui

pour nous savoir nous

un plus un - seuls

aussi seuls

que le premier arbre

de la première île.

 

Marilyse Leroux, Ancrés. Éditions Rhubarbe, 2016

09:51 Publié dans La poésie des autres

14/06/2017

OISEAUX DE PASSAGE

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Feuilles

Puits de fraîcheur où plonge la lumière

Sève

Sang végétal aux discrètes senteurs

Fruits

Qui jamais d'autre faim que du corps ne nourissent

Et ne savent rien

Ni du bien ni du mal

Fruits faits pour le régal des oiseaux de passage.

 

*

 

J'ai vu des hommes

Ils étaient transparents tant leur coeur était pur

Et tel dans ses lambeaux était couleur de l'eau

De larme incandescente

 

J'ai vu des femmes

Leur chant était si pur qu'il se fondait dans l'air

Et leurs syllabes reines avaient la noble forme

Des oiseaux de passage

(Rayonnants par l'esprit).

 

Chloé Landriot, Un récit. Polder n°174, 2017

13:28 Publié dans La poésie des autres

30/05/2017

SANS ABUELO PETITE

 

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Les yeux au loin, le soleil.

À quoi penses-tu dans ton pays là-bas ?

 

Les oiseaux, à travers le monde,

ont volé vite, tu ne les as pas retrouvés.

Tu es entouré de vagues

brisées contre les rochers.

 

Tes rêves font du bruit en s'écrasant

 

*

 

Tel un oiseau auquel on a coupé les ailes,

tu ne sais pas comment mettre les bras.

Si tu dois les plier ou les cacher derrière le dos.

Alors tu poses les mains sur la table, tu écris.

Des centaines de lettres.

Tu lui dis que tu l'aimes que tu ne l'as pas oubliée.

Tu lui dis que tu veux revenir mais tu ne le peux pas.

Tu lui demandes des nouvelles de la niña,

tu sais qu'elle a grandi.

Tu demandes des nouvelles de la niña.

 

Dans ton pays là-bas où la niña ne parle pas de toi.

 

Cécile Guivarch, Sans Abuelo Petite. Les carnets du dessert de lune, 2017

13:28 Publié dans La poésie des autres

20/03/2017

l'écriture la vie

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Ils en parlent :

- Marie-Anne Bruch sur son blog La bouche à oreilles

- Patrice Maltaverne sur son blog Poésiechroniquetamalle

 

Préface de Sanda Voïca

 

Le titre, l’écriture la vie : entre les deux syntagmes il n’y a pas de mot de liaison ou de séparation. Jamais une évidence n’a été plus surprenante, voire plus émouvante : la vie et l’écriture ne font qu’un. Si un mot de liaison nous est épargné, sa présence est augmentée par la méthode d’écriture de Valérie Canat de Chizy. A l’écoute du monde, par-delà l’écoute de son propre corps, jusqu’à l’oiseau posé sur son cœur, et qui reste difficile à entendre, ou bien à travers son corps devenu oreille, la poète saisit le matériau infiniment riche de ses réactions affectives, intellectuelles, mais aussi de toute la vie passée, présente et future, la sienne et celle des autres, proches et lointains, de même que celle des plantes, des animaux et des minéraux.

Un tri s’opère, une sélection où on oublie certains moments de vie pour ne se souvenir et fixer que quelques autres. Une association insolite de visions et oublis.

L’origine de la vie est trouvée et la poésie est le cheminement vers cette origine. Mais la marche et la démarche sont dérivantes. La poète évite d’aller droit au but. Ce chemin – plein de détours et détournant – conduit à l’origine du monde, celle qui fait que la différence entre le chat le plus concret, du quotidien de la poète, et l’oiseau le plus fantasque (fantasmé) – celui posé sur son cœur – soit effacée, et que les deux soient faits de la même essence, aient la même nature : la beauté. La poète n’est sensible ni à la beauté ni à la laideur de la vie, mais à la vie, tout simplement, qui comprend les deux à la fois. Inextricablement. Ils sont, tous les deux, poésie.

Chaque poème est aussi un argument pour nous convaincre que tous les états d’âme, les états des choses et même l’état du monde, même les faits du passé et ceux qui ne sont pas encore arrivés, sont toujours en mouvement. Le poème est un essai pour contenir le mouvement du monde. Plus que fixer des vertiges, la poésie de Valérie Canat de Chizy fixe des vibrations puissantes et bien différentes.

Par le biais de l’observation, des descriptions, l’auteure se livre aussi elle-même. Sa poésie se dit / écrit avec elle et pour elle et aussi avec nous et pour nous. Elle nous concerne tous. Elle nous donne l’impression que la vie est la première et la dernière chose qui nous arrive. Mais si la vie est une telle chose, définitive, l’écriture sur la vie de Valérie Canat de Chizy ne peut être que la vie réinventée.

Les vers sont si proches des gestes de la vie, que d’eux émane une lumière forte, presque cruelle.

Nous avançons dans ce recueil comme dans une forêt inconnue et familière à la fois, et où toujours une maison magique nous attend – celle de la poète, devenue la nôtre.

Ecriture définitive d’une vie rendue définitive.

 

Sanda Voïca, novembre 2016

 

16:57 Publié dans Recueils parus

21/02/2017

MATIN D'HIVER

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Qui annonce la couleur

en ce matin d'hiver

 

où les vaches blanches et noires

sont si blanches, si noires

qu'on les dirait peintes à la main

 

quand elles broutent le vert

sous le bleu du ciel

 

qui annonce la couleur

le passant

le paysage

 

le poète

ou le poème ?

 

Baie de Douarnenez, hiver

 

Yvon Le Men, Le poids d'un nuage. Les continents sont des radeaux perdus, 2. Ed. Bruno Doucey, 2017

09:47 Publié dans La poésie des autres