17/06/2019
Du soleil, sur la pente
Et non seulement l’herbe
et tous les objets posés
sur son tapis
déroulé comme un rire
propagé par-dessus
les murmures du jardin,
mais aussi et surtout
toi en robe tendre
et la ronde vive
des enfants,
et moi dans l’ombre
d’un silence
qui survole tout cela
flottant léger
sur la pente du soleil
et d’un seul désir :
Nous en tenir
au courant.
Morgan Riet, Du soleil, sur la pente. Éditions Voix Tissées, 2019
08:43 Publié dans La poésie des autres
22/05/2019
CORROSION
Thiap
On a pris la route
comme si ce n’était pas la dernière fois.
L’air sentait bon,
la forêt serait toujours là
et les grands arbres.
On a marché
tout était parfait,
le claquement de l’eau
les papillons fous
tourmentés par le vent,
une couleuvre et les singes
qui attendaient qu’on s’éloigne
pour reprendre les conversations.
Puis le film s’est accéléré.
On a parlé, parlé à toute vitesse.
La vie était lovée dans la paume d’une main,
on l’observait.
On a pris la route
comme si je ne devais pas partir demain
et je suis partie.
Toujours on part,
à l’Ouest, carrément.
Je crois que quelque chose m’a suivie,
je l’entends
encore
par moment
qui me chuchote une autre histoire
et caresse mon cœur de cuir.
Février 2017, forêt de Khao Yaï
(Khao Yaï, Thaïlande)
Mireille Disdero, Corrosion. La Boucherie littéraire, 2019
12:40 Publié dans La poésie des autres
25/04/2019
DES ORTIES ET DES HOMMES
À Chavagnac, j’ai comme une autre vie où des femmes en noir nous regardent passer avec les chèvres. Nonna et moi, on n’est pas des bergères, on est des cheminières. On n’a pas de troupeau, pas de chien, pas de colline à nous. Que les fossés et les palisses. Nonna m’apprend pour les orties. J’ai juste à la regarder cueillir comme si c’était des fleurs, à mains nues sous les feuilles. Il suffit de les prendre par la douceur et la peau ne sent rien. Je mets mes bras en cercle pour tenir le haut du sac. Nonna le remplit sans rien dire. C’est léger même plein, le sac d’orties et de silence. Je porte tout sans mal, le mystère des vilaines herbes qui ne le sont plus.
Paola Pigani, Des orties et des hommes. Liana Levi, 2019
10:38
14/03/2019
caché dévoilé
Caché dévoilé oscille entre le silence et le monde, entre le repli et l'ouverture, une certaine plénitude et l'angoisse. Avec soi-même et face aux autres. Il y a pourtant beaucoup de bonheur. Celui de recevoir une lettre, les petites choses simples et quotidiennes comme un soleil qui caresse la peau, le duvet des poussins, les fleurs et la joie de gambader ou d'entrer dans une librairie, le mouvement de la mer. L'écriture aussi fait partie des petites joies, quand cet exercice ne devient pas ambivalent face aux événements de la vie ou les échos qui parviennent du monde. Ainsi, Valérie Canat de Chizy va du bonheur à la tristesse, alterne poèmes de soleil et poèmes ravivant les blessures, celles de l'enfance, celles de la perte du père, celles de la différence : " Parfois / je me sens grande / puis la blessure / se réveille ". L'écriture permet-elle de balayer ces fragilités ? " je vois la beauté / et pourtant la tristesse / ne desserre son étreinte ". À la fois ours et lumière, recroquevillée dans sa peau et prête à accueillir des pensées d'amour sur sa peau, Valérie Canat de Chizy accroche et décroche les différentes parties d'elle-même. Il s'agit d'accepter, d'y parvenir, d'être au monde, au sein des autres avec des mots de fleurs, de soleil et de plonger les yeux dans des regards de détresse parfois. Si la blessure est présente, ce que l'on retient c'est l'aller vers l'avant, la visible simplicité du bonheur lorsqu'il s'agit de le cueillir par la magie des mots et de la poésie. Prendre respiration, s'envoler lorsque l'étau se desserre.
Cécile Guivarch
Ils en parlent :
Claude Vercey, sur le site de la revue Décharge
Sabine Huyhn, sur le site Terre à ciel
Clara Regy, sur le site Terre à ciel
Florent Toniello, sur le site D'ailleurs poésie
Marie-Anne Bruch, sur son blog La bouche à oreilles
Murièle Camac, sur son blog Les portes de la perception
Angèle Paoli, des extraits sur le site Terre de femmes
12:33 Publié dans Recueils parus
22/10/2018
JOUR APRÈS NUIT
L’ombre est nue le matin, sans hâte
j’avance vers les mots qui viennent
à ma rencontre : mes mains butent
sur leur peau, cherchent le sillon où
devenir une voix meilleure, plus limpide,
semblable au chant du verre, caressé.
Une bouche à qui confier l’écume
bouillonnante de vivre
au cœur des chardons,
là où l’immensité pique.
Viens, il nous reste des secrets
à se dire dans l’obscurité parfaite
et le feu des épices.
La mer est derrière la fenêtre, pleine
de voyages indécis.
Larmes intimes offertes
au sable. Mes mains se perdent
dans la brûlure ouverte
où trébuchent et sombrent
les oiseaux blessés,
les paroles décousues, fil à fil.
Martin Laquet, jour après nuit. La Passe du vent, 2017
08:55 Publié dans La poésie des autres
27/08/2018
FÊLURE
parfois notre vision se trouble
l’idée que nous avons
de nous-même notre identité
dans le ciel intérieur il y a
une fêlure et des lisérés blancs
on voudrait colmater les brèches
à coups de jaune d’œuf
appliqué au pinceau
donner de la chaleur de la rondeur
comme la pâte de la brioche
devient dorée sur le dessus
pourtant le ciel demeure opaque
des goélands le transpercent
de leurs ailes de leurs cris
même si au fond tout est silence
alors les mots se faufilent
se blottissent contre nous
08:55
18/06/2018
TRAJECTOIRE DEROUTÉE
Ma paume immense et lisse
caresse la nuit couvrant
moitié de la terre.
Elle protège la planète.
Je protège la nuit.
Contre quel criminel ?
Je n’ai plus de doigts
juste la paume géante
et dans son creux
la nuit immensément fragile :
elle va disparaître.
L’aube y aidera.
De mes pas attraper
l’absence parfaite :
le très haut des jours,
son air bleu royal.
Sanda Voïca, Trajectoire déroutée. Lanskine, 2018
08:39 Publié dans La poésie des autres
04/06/2018
NUIT
"Nuit" : poèmes de Valérie Canat de Chizy, Encres de Colette Reydet
Sur le site de la revue Ce qui reste
Pour le consulter, Cliquer ici
13:14 Publié dans Recueils parus
18/05/2018
SI PEU
Un livre pauvre avec des collages de Ghislaine Lejard, poème de Valérie Canat de Chizy
09:04
29/03/2018
ANTHOLOGIE DUOS
Je suis présente dans l'anthologie Duos : 118 jeunes poètes de langue française né(e)s à partir de 1970 dirigée par Lydia Padellec, et publiée par la Maison de la poésie Rhône-Alpes (2018)
10:43 Publié dans Recueils parus