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05/09/2012

PAS DE MOT POUR

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Dans l’effroi du plaisir dissoute tu me demandes de te rassembler de ta chair ouverte s’écoule ta vie n’est plus contenue mes griffes ont ouvert ta carcasse d’être je reviens comme toi dans l’œil encore ton éclair carnassier pur regard de bête étrangère à toute intelligence nous revenons encore blessés de cette chute tu me dis tu n’as pas le droit mais j’étais au-delà.

 

***

 

Peut-être fallait-il l’immédiateté de la jeunesse perdue, son feuillage défait, la chair se désincarnant, se désaccordant de la voix, pour comprendre que la voix ne fut jamais dans le corps, et discerner la raison des butées désespérées que l’on a connues : il y avait erreur, non sur la personne, on comprend enfin qu’il n’y a personne.

 

 

Mathias Lair, Pas de mot pour, Éclats d’encre, 2011, p. 32-33

22:43 Publié dans La poésie des autres

01/08/2012

SACRE

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Enduis-moi

de sueur

de parfum

de couleur

de baisers

 

Fais-moi vivre

Exister

 

*

 

L’âme ira

se poser

par surcroît

par amour

 

Un oiseau

viendra pour

m’habiter

 

 

Michel Dunand, Sacre, Jacques André Éditeur, 2011, p. 36

18:28 Publié dans La poésie des autres

05/07/2012

NUIT FRACASSÉE

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J’ai traversé un pays

où les rêves sont des coquillages

sur la peau des hommes

où les navires déposent

dans les ports

leur cargaison de détresse

de douceur

J’ai traversé un pays

où les bêtes s’arc-boutent

contre les piliers du ciel

où les herbes grésillent

contre les tempes

brasier de l’été

cravaché de lumière

J’ai traversé un pays

sa brûlure m’expose

au tambour du vent

à l’arête du soleil

à l’érosion des mots

J’ai traversé un pays

sa brûlure me traverse

jusqu’à l’os

 

Micheline Dutoit, Nuit fracassée, Jacques André éd., 2011, p. 24

19:27 Publié dans La poésie des autres

12/06/2012

PIEUVRE

 

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Ils en parlent : Marie-Anne Bruch sur son blog "La bouche à oreilles"

Note de lecture de Marie-Ange Sebasti

Note de lecture de Jean-Pierre Longre

20:02 Publié dans Recueils parus

29/05/2012

JAMAIS TU REVIENS

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on me dit d’écouter la mer

à travers les arbres

 

j’entends

 

le souffle du vent avec

ta voix dedans

 

*

on voudrait que tout se taise

 

alors tu parleras autant ta respiration

tu parleras de ta voix quotidienne

tu parleras autant que tu parleras

 

tu ne te tairas pas tu parleras

et tu ne pourras pas mourir

 

non pas mourir tant que tu

 

parleras

 

*


cela te va à merveille

 

tu respires sous ton lit de lumière et d’arbres

tu respires tant que la mer s’y mêle

infiltration d’eau jusque dans tes murs

 

jusque dans tes os

À Manue

 

Cécile Guivarch, « jamais tu reviens », N4728 n°21, janvier 2012, p. 46

17:59 Publié dans La poésie des autres

22/05/2012

AVEC UN PEU PLUS DE CIEL

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Dans l’avenir à découvert

Comme dans une larme de feu

Où rien ne va à la cendre

Où rien ne va au remords

On comprend qu’il y a de l’or

Qui règne sous la peau

Et une vague violente qui n’espérait que ça

 

André Velter, Avec un peu plus de ciel, nfr/Gallimard, 2012, p. 21

08:45 Publié dans La poésie des autres

08/05/2012

MIRABELLA MYSTICA

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Il ne faut pas les chercher seul, dit-on,

Les mirabelles sauvages, cueillies dans l’éther,

Parce que je n’ai pas trouvé d’arbre, étant parti

Seul : les perles dorées à la lisière du bois,

Colorées comme le velours de tes joues,

Le balancement de plumes des branches, duveteuses

 

Comme ton corps qui me précède et ne doit pas

M’exciter ; malade encore depuis les vieilles

Histoires… couvert d’un plexus solaire

Épuisé, si je veux être galant homme :

Comme le mirabellier s’en va avec toi,

Je serai seul, et lié.

 

Les paysages changent de couleur, même de

Tonalité depuis que tu es partie, le suppurement notoire

Des tracteurs se perd, non entendu, dans les

Ormes et les pins, et je cueille les fruits

Cachés des arbres qui sont partis

Comme toi, ayant fui les sandar nus :

 

Que mes poches soient pleines de pommes de pins

Et de forêt, je ne veux pas le savoir… seul

Me porte dans la lumière ton corps qui me précède,

Depuis que tu t’en es allée, et l’arbre mince

Avec toi, et ta peau couverte du velours

Du rire sous le ciel de notre idylle

 

Isolée dans la Marche ; dont nous nous

Souviendrons, tant que le pouls de son

Rougissement ne nous fait pas oublier.

Il ne faut pas les chercher seul, dit-on,

Les mirabelles sauvages dont nous avons envie

Depuis longtemps et que nous avons trouvées ici,

 

Où j’ai retrouvé, plein d’étonnement, ton regard,

Ton sourire. Tu es partie, Mirabelle, rien que la lumière

Dans les ormes et les pins… bientôt, ce sera

L’automne… seul, dans mon dos je cache,

Cueillies dans l’éther, les perles dorées, duveteuses :

Une poignée de cadeaux d’amour pour toi.

 

 André Schinkel. Traduit de l’allemand par Rüdiger Fischer. Saraswati n°11, février 2011, p. 15

19:44 Publié dans La poésie des autres

10/04/2012

DANS UN CORPS ZÉRO CONTOUR

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Dans un corps zéro contour, l’enfance est. Qui se tient derrière la porte / et veut boire / et venir ?Chuchotis de l’été. Tilleul / poussière blanche de feuilles.Géométrie, pesanteur, apesanteur. Son poids nous regarde, / pivot furtif / extrait du ciel. Dans un corps zéro contour, il n’y a pas de circonférence. D’où le vertige. Toi non plus / en tant que centre de gravité / expulsant d’un coup / la colonne majeure. Pesanteur, apesanteur. L’odeur légère des tissus / s’enfonce.Ensuite, le vent soulève nos épaules d’au moins mille mètres. Vertige. Soudain, de la pelote / se dévide / une course en désordre.Écheveau des souvenirs ? mourir essaie mais non se hâte tel un fœtus / d’en reproduire le même son / non pas le creux tambour muet.Marie-Noëlle Agniau est solaire venue comme en automne. Le corps zéro contour est une flaque de poussière, le corps enfant déchu du corps maternel. Venir après pour combler un espace vacant. Chez Marie-Noëlle Agniau, il y a toujours ce poids et à la fois ce vide laissé par la perte d’un frère, jamais connu. Je dois bien arriver à tenir entre l’espace et moi la sorte de lutte qu’il faut mener. Se rapprocher du palpable, par l'acte symbolique. prénom auquel rien ne manque je t’apporte un yaourt. Revenir à l’état d’innocence. Le temps se presse en nous à l’état de peluche.

 

Marie-Noëlle Agniau, Dans un corps zéro contour, La Porte, 2012

12:55 Publié dans Chroniques

23/03/2012

DU BLEU SUR LES DOIGTS

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Vous êtes peut-être

À peine cette silhouette

Dans la lumière de l’été

Qui a du mal à se souvenir

Je vous convie donc à prendre cette main

Quand elle reviendra vers la marge

Soyez de ce qui coule lentement

Dans le blanc

Soyez de ce naufrage

Du dire.

 

*

 

Vous êtes avec moi sur le chemin

Vous êtes cette voix

Dictant le poème

Et la main

Si près de la mer

Du bleu

Sur les doigts.

 


Louis Raoul, Feuille de l’air, Éditions de l’Atlantique, 2011, p. 2, 7.

13:11 Publié dans La poésie des autres

11/03/2012

LES HOMMES SONT DES ARBRES

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Les hommes sont des arbres

étranges

les racines enfouies dans leur tête

puisent au terreau des mots

ce qui exhausse leur silhouette

     aller là-bas

     toujours plus loin

     derrière l’horizon

 

Entre ciel et terre

ils sont

     dans l’élargie d’eux-mêmes

le bruissement incessant

de leurs désirs d’humanité

à la rencontre des autres

hommes

arbres étranges

là-bas aux confins

 

Jean-Louis Clarac, Le vacarme du monde, Éditions de l’Atlantique, 2011, p. 55

17:18 Publié dans La poésie des autres