Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04/02/2016

L'ÉTOFFE DE LA NUIT

 

1107423236.jpg

 

L'étoffe de la nuit : livre d'artiste. Textes de Valérie Canat de Chizy, pastels de Gilbert Desclaux. 2016

 

09:51 Publié dans Recueils parus

07/01/2016

ÉLÉGIES POUR LE TEMPS DE VIVRE

P1000629.JPG

 

Tu m’as reçu comme le jour reçoit
les premières rumeurs de l’aube,
tu m’as dit que derrière le soleil
des poèmes prenaient racine, tu
m’as parlé d’oiseaux perdus,
de fleurs inapaisées, tu m’as dit
qu’une source jouait dans les replis
de ta mémoire – et je t’ai cru,

je t’ai suivi sous la neige qui
venait de tomber sur le jardin muet,
je me suis serré contre toi, sans
crainte, sans efforts, avec le souvenir
d’étreintes passées qui m’avaient
tant charmé, je suis entré en toi,
tu m’as reçu comme la nuit
reçoit le frisson des étoiles, comme
le silence appelle le silence jusqu’aux
frontières de l’échange, comme
tout se résout dans ce qui nous attend.

Richard Rognet, Élégies pour le temps de vivre, Poésie/Gallimard, 2015

09:40 Publié dans La poésie des autres

12/10/2015

J'ERRE SANS ATTACHE SUR LA VOIE

P1000915.JPG

 

De quelle nuit es-tu venue ?

De quel jour ?  Soudain tu es

Au cœur de tout. Les lilas

Ont frémi ; le mot est dit.

Tout prend sens, tout se découvre

Don. Dès lors, tout se transmue :

Le ciel-terre en chair aimante,

En ondes sans fin les instants.

 

*

 

J’erre sans attache sur la Voie,

En plein cœur de la lente chute

        des feuilles et des étoiles ;

Au lointain appel d’une voix,

Je me retourne et je vois

        le visage et le regard.

 

L’automne mûr détient encore

Tout l’or secret du royaume,

        par-delà flammes et larmes ;

Du fond de la frondaison,

Un chant trace la sente qui mène

        à l’inapaisable fontaine.

 

 

François Cheng, La vraie gloire est ici. Gallimard, 2015

09:32 Publié dans La poésie des autres

14/09/2015

POETRY

ouvrage_320.jpg

Vient de paraître : "Poetry" chez Jacques André éditeur

http://www.jacques-andre-editeur.eu/web/ouvrage/320/+Poetry.html

 

Ils en parlent :

 

Isabelle Lévesque, sur le site Poezibao

Marilyne Bertoncini-Pirez, sur le site La Cause littéraire

Sanda Voïca, sur le site Paysages écrits (janvier 2016)

Cécile Guivarch, sur le site Terre à ciel (octobre 2015)

Florence Trocmé, dans Le flotoir du 25 août 2015

Patrice Maltaverne, sur le blog Poésie chronique ta malle

Jacques Morin, dans la revue Décharge

 

 

13:25 Publié dans Recueils parus

03/09/2015

S'IL EXISTE DES FLEURS

P1000449.JPG

 

Ce sont des poèmes sur la guerre, vue à travers le prisme de la nature. S’il existe des fleurs, il existe des hommes, ces hommes tombent, mais les fleurs restent. Ce sont des poèmes courts, des phrases simples, pour dire les jeunes hommes enrôlés durant la guerre, fauchés dans la fleur de l’âge. L’émotion naît de ce regard posé sur la nature, qui demeure, et de ces mots du poème pour dire le bleu du jour, les arbres les murs un temple / entre la terre et la mer.

 

le jour donne le bleu

de branche en branche

s’étend sur les campagnes

ne compte pas les morts

 

La mort est ici abordée avec le regard de l’innocence. Le recueil fonctionne par images, par scènes. On voit les animaux, les hommes courir dans l’herbe, on voit les arbres, la nature, on imagine le silence dans une prairie caressée par le soleil.

 

les animaux courent devant

pour ne pas être tués

aussi des hommes

courent autant

ils restent chauds

après leur dernier souffle

 

C’est cela qui contraste : la douceur et la tendresse qui émanent des mots, et la violence, l’horreur de la guerre, qui demeurent en arrière-plan.

 

depuis les collines apparaît le soleil

des soldats dévalent les collines

s’inquiètent soudain du silence des oiseaux

 

Cécile Guivarch nous touche par sa capacité d'empathie, elle qui sait si bien éprouver ce que d’autres vivent dans leur propre chair.

 

ils ont froid

de tant de neige tombée sur leurs tombes

ils ont froid et se rapprochent

se regardent presque

 

 

Cécile Guivarch, S’il existe des fleurs, L’arbre à paroles, 2015

11:49 Publié dans Chroniques

07/07/2015

MÈRE OU L'AUTRE

Mère ou l.JPG

 

 

l’enfant nu sort d’une prison de chair

sa liberté garde un œil derrière le front

il regarde en arrière

c’est moi qu’il voit vraie mère ou mère fictive

si je protège   je fais écran   (j’empêche aussi)

 

 

parce qu’elle a creusé en toi ce manque inguérissable

elle sera toujours là comme un fantôme te tirant vers le noir

 

 

quel amour faudra-t-il pour te guérir  de l’absence originelle ?

 

 

Luce Guilbaud, Mère ou l’autre, Tarabuste, 2014

 

09:40 Publié dans La poésie des autres

04/06/2015

LA RETENUE

P1000175.JPG

 

soustraire

au temps, au regard, à la lumière

au jour déjà commencé,

qui devra prendre date

aux mots écrits pour ce jour-là.

à la lumière

soustraire au cours du fleuve, au temps,

ce qu’il charrie,

ne pas le regarder couler,

s’enfouir sous le vert gazon qui borde ses rêves.

soustraire au sens ma propre voix, le monde à mes yeux

ce matin.

au temps, au regard, à la lumière.

il n’y aura pas de libération glorieuse,

puisque la contrainte est lâche.

un refuge n’est pas le mot qui convient, mais

« gangue ».

 

Lucie Taïeb, La retenue, Lanskine, 2015

 

13:09 Publié dans La poésie des autres

29/05/2015

LE BRUIT DES ABEILLES

LeBruitDesAbeilles-couv.jpg

"Le bruit des abeilles", co-écrit avec Cécile Guivarch

 

Ils en parlent :

 

Sabine Huynh, sur le site de Terre à Ciel

Marilyne Bertoncini, sur le site La Cause littéraire

Isabelle Lévesque, sur le site Recours au Poème

Jeanpyer Poëls, dans la revue Europe

Jean-Christophe Ribeyre, dans la revue Verso

Murielle Compère-Demarcy sur le blog Arrêt sur poèmes

 

10:52 Publié dans Recueils parus

20/04/2015

CHUT

P1000453.JPG

 

montagnes

soleil de fin de route

bien arrivés

 

Au téléphone tu dis

 

je suis malade

 

trois mots

trois tonnes d’argile

sans émail

 

Moi l’oiseau rieur

le bec le cœur

en une seconde

 

cloués

 

 

Estelle Fenzy, Chut (le monstre dort). La Part commune, 2015

09:38 Publié dans La poésie des autres

21/01/2015

VÊTUE DE VENT

P1000638.JPG

 

« Vêtue de vent ». À la fois le féminin et la liberté. Le sacré aussi. Geneviève Vidal parle d’elle, mais son « je » est universel, il parle de toutes les femmes dans le monde, celles que leur condition a entravées, ligotées, martyrisées. « S’évader, Rêver ». Sortir de la prison. Le désir de liberté est très fort chez Geneviève Vidal, elle qui, passionnée de voyages, a soif de grands espaces. Ces grands espaces que l’on trouve aussi à l’intérieur de soi. « Ici lié à là-bas / Loin s’approche / en vagues égales ». Ainsi, les distances s’amenuisent. Malgré les « périls », malgré les « accrocs », ce qui prédomine est la quête d’une beauté que rien ne vient troubler dans sa plénitude. « Ce BLEU je veux en parler / Pin sombre qui encore s’allonge vers le ciel / J’aspire à la tranquillité de son faîte / à boire comme lui les rais du soleil ». Car sur l’autre versant de la beauté se trouvent la cruauté, la « décomposition des chairs », « le vagabond laissé pour mort » ; les balles sifflent, la haine sévit... Geneviève Vidal le sait. Sa conscience de la cruauté du monde la pousse à chercher plus loin le sens du poème. Tout est enfantement, le poème est un accouchement, en même temps qu’une naissance à soi : « es-tu la mère ou l’enfant ». L’art, les divinités, sont conviés jusque dans cette « nuit balinaise » où les dieux et les démons s’affrontent.

« Grondement du volcan / gueule du monstre Barong / déversant les flammes // Ondulation des danseuses / Voir par les yeux du serpent // Tresser les souffles pour conjurer la peur // S’enroulent les anneaux du temps ».

 

Geneviève Vidal, Vêtue de vent, Jacques André éditeur, 2014

15:29 Publié dans Chroniques