16/01/2009
AUSSITÔT RÉVEILLÉE
Aussitôt réveillée, elle courait ouvrir les volets et voir au ciel s’il ferait beau ce soir. Oui, il ferait beau, et il y aurait une nuit chaude avec beaucoup d’étoiles qu’ils regarderaient ensemble, et il y aurait du rossignol qu’ils écouteraient ensemble, elle tout près de lui, comme la première nuit, et ensuite ils iraient, iraient se promener dans la forêt, se promener en se donnant le bras. Alors, elle se promenait dans sa chambre, un bras arrondi, pour savourer déjà. Ou bien, elle tournait le bouton de la radio, et si c’était une marche guerrière déversée de bon matin, elle défilait avec le régiment, la main à la tempe, en raide salut militaire, parce qu’il serait là ce soir, si grand, si svelte, ô son regard.
Albert Cohen, Belle du seigneur, nrf/Gallimard, 1995, p. 358
15:37 Publié dans La poésie des autres
13/01/2009
BEAUTÉ IRRÉELLE
21:20 Publié dans La poésie des autres
11/01/2009
LA PART MANQUANTE
De l’enfance vous ne gardez aucun souvenir. De l’enfance vous ne retenez qu’une maladie. C’est une maladie sans nom. Elle vous vient du ciel tournant d’automne. Elle vous vient de nulle part comme tout ce qui vous est proche. Avec elle revient le ciel plombé d’enfance : le manque de sens, l’absence de tout. L’histoire est toujours la même, mais il ne sert à rien de le savoir. Une lumière se détache du ciel vif. Elle descend sur le cœur qu’elle recouvre tout entier. Elle vous apprend votre disgrâce. Elle vous enseigne votre néant. Tout est là. Vous avez du silence, de l’espace et du temps. Vous avez tout ce qui fait l’agrément de la vie quand la vie manque. Tout est là, sauf vous. Vous appelez cela : la perte du goût.
Christian Bobin, La part manquante, folio/Gallimard, p. 87
20:42 Publié dans La poésie des autres
08/01/2009
SANS TITRE
16:16 Publié dans La poésie des autres
06/01/2009
UN HOMME QUI DORT
Tu n’as rien appris, sinon que la solitude n’apprend rien, que l’indifférence n’apprend rien : c’était un leurre, une illusion fascinante et piégée. Tu étais seul et voilà tout et tu voulais te protéger ; qu’entre le monde et toi les ponts soient à jamais coupés. Mais tu es si peu de chose et le monde est un si grand mot : tu n’as jamais fais qu’errer dans une grande ville, que longer sur quelques kilomètres des façades, des devantures, des parcs et des quais.
Georges Perec, Un homme qui dort, folio/Gallimard, p. 140
20:00 Publié dans La poésie des autres
03/01/2009
MA LAMPE EST TON REGARD
Dans la maison le chat les vibrations de l’atmosphère. La clarté de la flamme vacillante. Le silence de mes pensées. Les nuages passent dans la nuit. Le cahier à épaisse couverture rigide. Or et bleu. Les livres sur la table ronde en bois. Les mots lus, infusés. Les conversations imaginaires. Le regard me suit, patient. Posé simplement, sur mes idées, sur mes va-et-vient, sur mes écrits. Je chemine de l’intérieur. Ma lampe est ton regard.
20:33 Publié dans La poésie des autres
01/01/2009
BONNE ANNÉE 2009
Il arrive souvent que les rêves alunissent en pleine nuit !
Alors
Je me réveille
Pour les accueillir
Un chapelet de dés-bambous à la main
Comboï métis
Prière de carmélite nuptiale
C’est à ce moment
Qu’ils me demandent de choisir
De choisir entre le berlingot enjoué d’une étoile
Et la barbe à papa rose d’une nébuleuse
Un
Deux
Trois
Soleil
Soleil
Renoncé
Il n’y a que les sorcières qui ont le droit de choisir
C’est écrit dans leur grimoire indigo
Alors
Moi ?
Je ne suis que le bout d’un cil de comète
Seul
Seule
A décider du nombre de lunes à commander…
Isabelle Vaha, « Tapis de feutrine », Verso n°135, déc. 2008, p. 36
23:54 Publié dans La poésie des autres
27/12/2008
CHANTS DE LA TRANSPARENCE
Je vais un chemin, immobile,
Un chemin qui n’est pas d’ici ;
Il traverse le temps et s’en va vers la Vie
Où s’entrouvre la coquille de l’indicible.
Gabriel Caressa, Chants de la Transparence, Éd. du Moulin du Got, 2006, p. 28
…chemin vers 2009
l’année poétique 2008 de Verre menthe
se termine sur ces Chants de la Transparence
...à l’année prochaine
18:47 Publié dans La poésie des autres
25/12/2008
LA POÉSIE, COMMENT DIRE ?
Sentiments pour le monde, pour quelqu’un d’autre ou pour moi-même, sentiments pour la langue, je ne vais pas prétendre que les voilà visibles et sauvés de la mort dans mes poèmes. Non, ce que je crois c’est que mes sentiments, mon rapport au monde et aux autres, nourrissent mon écriture (et sans prétendre non plus que cela fait la poésie du poème)… la nourrissent en ce sens qu’ils seraient l’énergie (aussitôt consumée et disparue peut-être) qui me porte à l’acte d’écrire. Et si c’est là se leurrer – comme de toute façon on ne sait ce que sont la vie et la poésie, non plus que leur possible emmêlement –, c’est dans ce leurre (qui au demeurant n’en est peut-être pas un) que j’ai aujourd’hui envie d’écrire.
James Sacré, La poésie, comment dire ?, André dimanche, 1993
13:34 Publié dans La poésie des autres
22/12/2008
PRÉSENCE
J’ai ouvert les armoires
aux soleils forgés
gonflé mes mains
de pierres rouges
J’ai bu des gorgées
de thé brûlant
les mots dans mes veines
jettent des feux
Je lis les lignes
de vie Coulent
les deltas de mes rêves
Je me relie au plus
obscur Au centre
de la terre
Ce qui gronde et broie
un magma de lave
Ce qui me relie à vous
Essentialité d’une
Présence
Je vous souhaite un Joyeux Noël…
20:11 Publié dans La poésie des autres