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18/12/2008

MON AMOUR DES BEAUX JOURS

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Mon amour des beaux jours. Tes mots dans ma vie comme bouée salvatrice, il n’en fallait pas moins pour que la ouate épaisse soit jetée aux orties. Miracle malgré toi. Peut-être même malgré moi. Nos deux voix emmêlées plus fortes que la mort, guidées – par qui, par quoi ? – vers la clarté radieuse d’un regard aux yeux verts comme, parfois, l’océan. Oui, jeté aux orties, le nuage cotonneux qui pourrissait mes nuits, suçait mon énergie, vampirisait ma vie tout entière, sans répit. Stratégie du hasard (dit-on bien naïvement). Stratégie du destin et, ma foi, c’est très bien.

 

Sophie Masson, Les anges tranquilles, Le Chat qui tousse, 2008, p. 20

01:15 Publié dans La poésie des autres

15/12/2008

IL Y A CETTE LUMIÈRE

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Il y a cette lumière.

 

Elle est parmi nous

et donne le visage

 

en donnant

la substance.

 

le grain est total

 

***

 

Je n’étais pas là

quand ta lutte a commencé.

 

D’abord contre toi,

âpre.

 

Les chiens mordent l’air,

et plus.

 

 

Marie-Noëlle Agniau, La tactique des anges, L’Harmattan, 2008, p. 25, 28, 31

16:38 Publié dans La poésie des autres

12/12/2008

CE PEU DE BRUIT

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La main tenant la rampe

et le soleil d’hiver dorant les murs

 

le soleil froid dorant les chambres fermées

 

la gratitude envers l’herbe des tombes

envers les rares gestes de bonté

 

et toutes les roses éparses des nuages

les braises laineuses des nuages

éparpillées avant que la nuit ne tombe

 

 

Philippe Jaccottet, Ce peu de bruits, nrf/Gallimard, 2008, p. 55

18:15 Publié dans La poésie des autres

10/12/2008

VÉRITÉ DE LA POÉSIE

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La vérité poétique est une vérité créatrice.

[…]

Il faut au poète toute sa méfiance et la garantie des sonorités justes pour se diriger dans le réel en apparence démonté.

Entre l’erreur de l’« évasion » idéaliste et l’erreur de l’ « acceptation » réaliste, au cœur même de l’exactitude et de l’épreuve – c’est là que se maintiennent à l’état incandescent les puissances condensatrices et formatrices de la poésie.

C’est là aussi que, familiers d’un lieu de rencontre qui se situe dans l’avenir et n’est vague que pour les faussaires, quelques-uns des meilleurs parmi les poètes français derniers venus entreprennent de parler au lecteur comme s’ils se parlaient à eux-mêmes, c’est-à-dire dans le dénuement, dans l’aride solitude de la sincérité.

 

Jean Tardieu, « Vérité de la poésie », Tardieu, œuvres, Quarto/Gallimard, 2003, p. 181-182

21:29 Publié dans La poésie des autres

MAMAN Ô MAMAN

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Maman ô maman l’aube se dérobe

à mes yeux de sable, ils m’ont vêtu

d’un linceul puis enterré dans les

vents, je n’entendrai plus ta voix ni

les pleurs de ton âme, mon tréfonds

trépasse dans sa robe de sang.

 

Olivier Deschizeaux, Le soldat mort, Rougerie, p. 28

14:39 Publié dans La poésie des autres

07/12/2008

L'HÉCATOMBE DES ORMES

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Enfin il faudrait que cessent

la fonte des vitres, l’affaissement des plafonds,

la lèpre des écorces, les fougères impuissantes,

l’arrachement des tendons de mes poignets

(mon Dieu ce nu ridicule sur un lit,

sans tatouages mais

ces mauves et bleus venus de l’intérieur),

que cesse le défilé des heures

réservées à l’alternance

du flanc gauche et du flanc droit du

nu ridicule sur un lit

qui aurait aimé encore le soleil,

sur les lèvres le goût de mer

ou de la sueur à fendre les bûches

des deux peupliers trop mûrs […]

 

Jean-Louis Rambour, L’hécatombe des ormes, Éditions Jacques Brémond, 2005, p. 29

21:38 Publié dans La poésie des autres

03/12/2008

DE TÊTES

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Ça  clignote les paupières.  L’orage pilonne, devant craque la

nuit.  Dans  le  souffle  asthmatique  du  tram,  on dirait tassés

des corps d’insectes. Mon père, encore, charabia d’étincelles,

tête  rapide  en mémoire, finit son jeu de massacre.  Cogne en

série,  moins  vite,  moins  fort  peut-être. Au fond, comme si

parler  c’était sa faute, ma chance. Ne sont pas si loin ce midi

d’été,  ce  coup  raté,  ma  bouche sanglante. Je donne la part.

Chacun sa tête. On ouvre avec ce qu’on peut.

 

Armand Dupuy, « De têtes », Décharge n°139, p. 106

20:38 Publié dans La poésie des autres

01/12/2008

POUR TOI

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Pour toi

 

Pour ma liberté

 

Par conviction

 

Je joue

Avec les éléments

 

Je me laisse empreindre

De ton aura de souffre

 

Elle me suit

De toutes façons

 

Depuis longtemps

 

Je l’habite

 

Je danse

Avec elle

 

Avec elle seule

 

 

Valérie Canat de Chizy, Il y a des lunes, Encres vives, Collection Encres blanches n°340, octobre 2008, p. 6

18:44 Publié dans La poésie des autres

TU ME PROPOSES L'IMPOSSIBLE

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Tu me proposes l’impossible

 

Je suture mes genoux

Mes lombaires

 

J’avance et me bats

Chaque jour

 

Pour rétablir la vérité

 

Sais-tu je l’ai toujours su

Par-delà les distorsions

 

Tu portes en toi l’infini

Il te restait à le découvrir

 

 

Valérie Canat de Chizy, Il y a des lunes, Encres vives, Collection Encres blanches n°340, octobre 2008, p. 4

18:37 Publié dans La poésie des autres

IL Y A DES LUNES

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Il y a des lunes

Ton visage

 

La pierre dans le lac

A brisé ton reflet

 

Et mes morceaux de peau

Sont tombés

 

Voici

Le jour décline

 

Tu me visites

Je ne détourne pas la tête

 

Je t’ai connu

Intensité fracas

 

Je te revois

En songe

 

 

Valérie Canat de Chizy, Il y a des lunes, Encres vives, Collection Encres blanches n°340, octobre 2008, p. 1

18:27 Publié dans La poésie des autres