17/10/2008
TU ES À TOI-MÊME TON ENFANT
tu es à toi-même ton enfant
comme un ciel berce sa nuit
ce que tes doigts éperdument
étreignent dans le drap
c’est la joie du premier âge
et la voix ultime et douce
de ceux qui la connurent
et l’aimèrent dans tes yeux
tu sais tout cela
car souvent si souvent
tu as appris à oublier
et l’oubli est la première rive de la mort
Jean-Pierre Siméon, Lettre à la femme aimée au sujet de la mort, Cheyne éd., 2006, p. 14
20:23 Publié dans La poésie des autres
15/10/2008
IL SUFFIT QU'UN OISEAU...
Il suffit qu’un oiseau s’envole dans le ciel pour que
s’écarte le rideau de pluie, la mousseline accrochée au
ciel et le ciel à la pluie, les girandoles du lustre, le pastel
que troue le crépon, le pliage de l’insecte, les
moucherons dans les yeux, toutes les découpures, tous
les mots volants, qu’un papillon sorte des doigts, les
effleure, qu’un bruit de taffetas, de feu léger, il suffit
qu’un oiseau passe au-dessus des blés, qu’un papillon
se pose pour que s’ouvre une robe, tombe un ciel, une
sorte de ciel, de rose.
Anita J. Laulla, La folie la douceur, Atelier de l’agneau, 2006, p. 65
18:52 Publié dans La poésie des autres
13/10/2008
PREMIERS DITS DU COLIBRI
On a suspendu l’instant
d’un chant d’ailes indicibles,
avec parfois au creux des paumes
un nid d’indicibles lueurs
et la brindille souriante
de celle qui court jusqu’à s’oublier.
Et dans ce visage,
on se souvient,
il y avait aussi Lhasa de Sela.
Stéphen Bertrand, Premiers dits du colibri, Le Castor Astral, 2007, p. 74
21:14 Publié dans La poésie des autres
12/10/2008
RÊVE
21:22 Publié dans La poésie des autres
11/10/2008
VENTS
Nous reviendrons, un soir d’Automne, sur les derniers roulements d’orage, quand le trias épais des golfes survolés ouvre au Soleil des morts ses fosses de goudron bleu,
Et l’heure oblique, sur l’aile de métal, cloue sa première écharde de lumière avec l’étoile de feu vert.
Saint-John Perse, Vents, Poésie/Gallimard, p. 72
22:01 Publié dans La poésie des autres
09/10/2008
REFLET
Si tu entendais le souffle
des branches
au fond des verres,
tu rirais.
Tu es toi, toi seul(e) sais
qui tu es.
Même si tu ne lis pas ces lignes.
Quelle importance, au fond
tant de silence
pour si peu de bruit.
Encore le cliquetis des pièces
sur le comptoir
puis la rue,
et ce reflet saisi
une mèche de cheveux
dans le visage
22:13 Publié dans La poésie des autres
VILLES ÉPHÉMÈRES
12:44 Publié dans La poésie des autres
05/10/2008
LA PORTE CLOSE
17:19 Publié dans La poésie des autres
03/10/2008
NOS LIMITES SONT DE CENDRES
L’amitié n’est pas une paix. Elle est un tumulte.
Faut-il briser l’amitié pour la paix ?
Aller jusque là ?
***
Partir vers la paix de l’Écriture, et en revenir comme d’une guerre. Une guerre à soi-même.
***
Ce soir elle riait. Elle avait collé des oiseaux sur sa fenêtre. Des oiseaux de papier. Les oiseaux ne tiennent pas leurs promesses. Jamais ils ne nous emmènent. Les amis sont des oiseaux : ils ne tiennent jamais leurs promesses. Un jour ils nous laissent. Ce soir elle riait. Elle avait décollé ses amis de sa fenêtre. Quelle place pour ses arbres !
***
Nous sommes allés marcher dans les bois, simplement, à la rencontre du dernier soleil d’automne. Il nous est apparu derrière les chênes centenaires, rougi aux forges du cosmos. Énorme. Il a mis le feu à la forêt sans qu’un seul arbre ne brûle.
Vincent Bouton, Nos limites sont de cendres, Friches n°99, Spécial Prix Troubadours/Trobadors 2008
15:28 Publié dans La poésie des autres
25/09/2008
BLEU
Tout est devenu BLEU. C’est bleu. C’est à
crier tellement c’est bleu.
C’est du bleu venu des origines de la Terre,
d’un cobalt inconnu. On ne peut pas arrêter
ce bleu, ces traînées de poussières bleues
des cimetières des enfants. On souffre. On
pleure. Tout le monde pleure.
Mais le bleu reste là. Acharné.
Le bleu des enfants comme celui d’un ciel.
Marguerite Duras, La mer écrite, Marval, p. 24
19:31 Publié dans La poésie des autres