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27/12/2008

CHANTS DE LA TRANSPARENCE

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Je vais un chemin, immobile,

Un chemin qui n’est pas d’ici ;

Il traverse le temps et s’en va vers la Vie

Où s’entrouvre la coquille de l’indicible.

 

Gabriel Caressa, Chants de la Transparence, Éd. du Moulin du Got, 2006, p. 28

 

 

…chemin vers 2009

l’année poétique 2008 de Verre menthe

se termine sur ces Chants de la Transparence

...à l’année prochaine 

18:47 Publié dans La poésie des autres

25/12/2008

LA POÉSIE, COMMENT DIRE ?

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Sentiments pour le monde, pour quelqu’un d’autre ou pour moi-même, sentiments pour la langue, je ne vais pas prétendre que les voilà visibles et sauvés de la mort dans mes poèmes. Non, ce que je crois c’est que mes sentiments, mon rapport au monde et aux autres, nourrissent mon écriture (et sans prétendre non plus que cela fait la poésie du poème)… la nourrissent en ce sens qu’ils seraient l’énergie (aussitôt consumée et disparue peut-être) qui me porte à l’acte d’écrire. Et si c’est là se leurrer – comme de toute façon on ne sait ce que sont la vie et la poésie, non plus que leur possible emmêlement –, c’est dans ce leurre (qui au demeurant n’en est peut-être pas un) que j’ai aujourd’hui envie d’écrire.

 

James Sacré, La poésie, comment dire ?, André dimanche, 1993

13:34 Publié dans La poésie des autres

22/12/2008

PRÉSENCE

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J’ai ouvert les armoires

aux soleils forgés

gonflé mes mains

de pierres rouges

 

J’ai bu des gorgées

de thé brûlant

les mots dans mes veines

jettent des feux

 

Je lis les lignes

de vie Coulent

les deltas de mes rêves

 

Je me relie au plus

obscur Au centre

de la terre

 

Ce qui gronde et broie

un magma de lave

 

Ce qui me relie à vous

Essentialité d’une

Présence

Je vous souhaite un Joyeux Noël…

20:11 Publié dans La poésie des autres

18/12/2008

MON AMOUR DES BEAUX JOURS

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Mon amour des beaux jours. Tes mots dans ma vie comme bouée salvatrice, il n’en fallait pas moins pour que la ouate épaisse soit jetée aux orties. Miracle malgré toi. Peut-être même malgré moi. Nos deux voix emmêlées plus fortes que la mort, guidées – par qui, par quoi ? – vers la clarté radieuse d’un regard aux yeux verts comme, parfois, l’océan. Oui, jeté aux orties, le nuage cotonneux qui pourrissait mes nuits, suçait mon énergie, vampirisait ma vie tout entière, sans répit. Stratégie du hasard (dit-on bien naïvement). Stratégie du destin et, ma foi, c’est très bien.

 

Sophie Masson, Les anges tranquilles, Le Chat qui tousse, 2008, p. 20

01:15 Publié dans La poésie des autres

15/12/2008

IL Y A CETTE LUMIÈRE

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Il y a cette lumière.

 

Elle est parmi nous

et donne le visage

 

en donnant

la substance.

 

le grain est total

 

***

 

Je n’étais pas là

quand ta lutte a commencé.

 

D’abord contre toi,

âpre.

 

Les chiens mordent l’air,

et plus.

 

 

Marie-Noëlle Agniau, La tactique des anges, L’Harmattan, 2008, p. 25, 28, 31

16:38 Publié dans La poésie des autres

12/12/2008

CE PEU DE BRUIT

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La main tenant la rampe

et le soleil d’hiver dorant les murs

 

le soleil froid dorant les chambres fermées

 

la gratitude envers l’herbe des tombes

envers les rares gestes de bonté

 

et toutes les roses éparses des nuages

les braises laineuses des nuages

éparpillées avant que la nuit ne tombe

 

 

Philippe Jaccottet, Ce peu de bruits, nrf/Gallimard, 2008, p. 55

18:15 Publié dans La poésie des autres

10/12/2008

VÉRITÉ DE LA POÉSIE

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La vérité poétique est une vérité créatrice.

[…]

Il faut au poète toute sa méfiance et la garantie des sonorités justes pour se diriger dans le réel en apparence démonté.

Entre l’erreur de l’« évasion » idéaliste et l’erreur de l’ « acceptation » réaliste, au cœur même de l’exactitude et de l’épreuve – c’est là que se maintiennent à l’état incandescent les puissances condensatrices et formatrices de la poésie.

C’est là aussi que, familiers d’un lieu de rencontre qui se situe dans l’avenir et n’est vague que pour les faussaires, quelques-uns des meilleurs parmi les poètes français derniers venus entreprennent de parler au lecteur comme s’ils se parlaient à eux-mêmes, c’est-à-dire dans le dénuement, dans l’aride solitude de la sincérité.

 

Jean Tardieu, « Vérité de la poésie », Tardieu, œuvres, Quarto/Gallimard, 2003, p. 181-182

21:29 Publié dans La poésie des autres

MAMAN Ô MAMAN

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Maman ô maman l’aube se dérobe

à mes yeux de sable, ils m’ont vêtu

d’un linceul puis enterré dans les

vents, je n’entendrai plus ta voix ni

les pleurs de ton âme, mon tréfonds

trépasse dans sa robe de sang.

 

Olivier Deschizeaux, Le soldat mort, Rougerie, p. 28

14:39 Publié dans La poésie des autres

07/12/2008

L'HÉCATOMBE DES ORMES

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Enfin il faudrait que cessent

la fonte des vitres, l’affaissement des plafonds,

la lèpre des écorces, les fougères impuissantes,

l’arrachement des tendons de mes poignets

(mon Dieu ce nu ridicule sur un lit,

sans tatouages mais

ces mauves et bleus venus de l’intérieur),

que cesse le défilé des heures

réservées à l’alternance

du flanc gauche et du flanc droit du

nu ridicule sur un lit

qui aurait aimé encore le soleil,

sur les lèvres le goût de mer

ou de la sueur à fendre les bûches

des deux peupliers trop mûrs […]

 

Jean-Louis Rambour, L’hécatombe des ormes, Éditions Jacques Brémond, 2005, p. 29

21:38 Publié dans La poésie des autres

03/12/2008

DE TÊTES

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Ça  clignote les paupières.  L’orage pilonne, devant craque la

nuit.  Dans  le  souffle  asthmatique  du  tram,  on dirait tassés

des corps d’insectes. Mon père, encore, charabia d’étincelles,

tête  rapide  en mémoire, finit son jeu de massacre.  Cogne en

série,  moins  vite,  moins  fort  peut-être. Au fond, comme si

parler  c’était sa faute, ma chance. Ne sont pas si loin ce midi

d’été,  ce  coup  raté,  ma  bouche sanglante. Je donne la part.

Chacun sa tête. On ouvre avec ce qu’on peut.

 

Armand Dupuy, « De têtes », Décharge n°139, p. 106

20:38 Publié dans La poésie des autres