03/11/2008
ÉCRIRE
21:28 Publié dans La poésie des autres
02/11/2008
IL PLEUT SUR LES VERRIÈRES
Musarde sous l’aigrette
hautement seule des cormorans
– quel arbre fit sécher
ses palmes noires activement ?
*
Il pleut sur les verrières
les grandes vacances
les herbes chargées de pluie,
il n’y a pas d’autre mort
la contrebasse est une fatigue
L’épaule un mardi soir
tenait bas
l’aiguille des sons
*
J’aime les petites adversités
comme
perdre son temps
marcher sous la pluie et le vent
achever d’être prise
avoir très faim des choses humaines
Marie-Noëlle Agniau, Il pleut sur les verrières, Encres vives, Collection Encres Blanches n°157
13:54 Publié dans La poésie des autres
31/10/2008
UNE VOIX SANS PERSONNE
16:52 Publié dans La poésie des autres
LES MAINS DE CHARLES JULIET
12:37 Publié dans La poésie des autres
29/10/2008
CE PEU DE BRUIT
Couleur du ciel hier soir, sous des nuages de cendre et de neige pesants comme des montagnes : du rose, du jaune et du vert ; plus exactement, du presque rose, de l’à peine jaune et de l’à peine vert, des bandes de soie superposées de la nuance la plus délicate, transparente, doucement lumineuse avant l’obscurité – des fleurs allongées côte à côte avec soin dans un cageot invisible – une muette invitation à rejoindre Flore à l’horizon.
Philippe Jaccottet, Ce peu de bruit, NRF/Gallimard, 2008, p. 98
23:28 Publié dans La poésie des autres
24/10/2008
PAUSE
Quand tisonner les mots pour un peu de couleur
ne sera plus ton affaire
quand le rouge du sorbier et la cambrure des filles
ne te feront plus regretter ta jeunesse
quand un nouveau visage tout écorné d'absence
ne fera plus trembler ce que tu croyais solide
quand le froid aura pris congé du froid
et l'oubli dit adieu à l'oubli
quand tout aura revêtu la silencieuse opacité du
houx
ce jour-là
quelqu'un t'attendra au bord du chemin
pour te dire que c'était bien ainsi
que tu devais terminer ton voyage
démuni
tout à fait démuni
alors peut-être...
mais que la neige tombée cette nuit
soit aussi comme un doigt sur ta bouche
Nicolas Bouvier, Le dehors et le dedans, Points, 2007, p. 82-83
16:48 Publié dans La poésie des autres
22/10/2008
LE FEU EST EN TOUTE CHOSE
Il n’y a pas de pouvoir divin, il y a un vouloir divin éparpillé dans chaque souffle : les dieux sont dans nos murs, actifs, assoupis. Orphée est déjà déchiré.
***
Je ne suis pas séparé. Je suis parmi. D’où mon tourment sans attente. Pareil à la fumée bleue qui s’élève du safre humide quand les dents de la forte mâchoire l’égratignent avant de le concasser. Le feu est en toute chose.
René Char, Éloge d’une Soupçonnée, Poésie/Gallimard, p.24-25
17:05 Publié dans La poésie des autres
20/10/2008
PREMIÈRE NEIGE
Pressentir la première neige. Être pleinement
consciente de cette montée de la joie. Près de tout.
Sans bruit pour ne pas interrompre le mouvement.
***
On devrait toujours garder une chaise d’enfant dans
sa maison. Ça et des biscuits. Je n’ai aucune
hésitation. Quelques instruments me tiennent en vie.
Louise Warren, Observations, pré # carré, octobre 2008
17:58 Publié dans La poésie des autres
17/10/2008
TU ES À TOI-MÊME TON ENFANT
tu es à toi-même ton enfant
comme un ciel berce sa nuit
ce que tes doigts éperdument
étreignent dans le drap
c’est la joie du premier âge
et la voix ultime et douce
de ceux qui la connurent
et l’aimèrent dans tes yeux
tu sais tout cela
car souvent si souvent
tu as appris à oublier
et l’oubli est la première rive de la mort
Jean-Pierre Siméon, Lettre à la femme aimée au sujet de la mort, Cheyne éd., 2006, p. 14
20:23 Publié dans La poésie des autres
15/10/2008
IL SUFFIT QU'UN OISEAU...
Il suffit qu’un oiseau s’envole dans le ciel pour que
s’écarte le rideau de pluie, la mousseline accrochée au
ciel et le ciel à la pluie, les girandoles du lustre, le pastel
que troue le crépon, le pliage de l’insecte, les
moucherons dans les yeux, toutes les découpures, tous
les mots volants, qu’un papillon sorte des doigts, les
effleure, qu’un bruit de taffetas, de feu léger, il suffit
qu’un oiseau passe au-dessus des blés, qu’un papillon
se pose pour que s’ouvre une robe, tombe un ciel, une
sorte de ciel, de rose.
Anita J. Laulla, La folie la douceur, Atelier de l’agneau, 2006, p. 65
18:52 Publié dans La poésie des autres