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03/11/2008

ÉCRIRE

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Écrire, c’était ça la seule chose qui peuplait ma vie et qui l’enchantait. Je l’ai fait. L’écriture ne m’a jamais quittée.

 Marguerite Duras, Écrire, Folio/Gallimard, p. 15

21:28 Publié dans La poésie des autres

02/11/2008

IL PLEUT SUR LES VERRIÈRES

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Musarde sous l’aigrette

hautement seule des cormorans

– quel arbre fit sécher

ses palmes noires activement ?

 

*

 

Il pleut sur les verrières

les grandes vacances

les herbes chargées de pluie,

il n’y a pas d’autre mort

 

         la contrebasse est une fatigue

 

 

L’épaule un mardi soir

tenait bas

l’aiguille des sons

 

*

 

J’aime les petites adversités

comme

perdre son temps

marcher sous la pluie et le vent

achever d’être prise

avoir très faim des choses humaines

 

 

Marie-Noëlle Agniau, Il pleut sur les verrières, Encres vives, Collection Encres Blanches n°157

13:54 Publié dans La poésie des autres

31/10/2008

UNE VOIX SANS PERSONNE

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Bien que je ne sois pas de la danse

ne me chassez pas sans savoir.

Plus qu’un seul mot

et je m’en vais.

 

Jean Tardieu, « Une voix sans personne », Tardieu : œuvres, éd. dirigée par Jean-Yves Debreuille, Quarto Gallimard, 2003, p. 505

16:52 Publié dans La poésie des autres

LES MAINS DE CHARLES JULIET

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Ce sont deux mains sachant

se tenir au silence

et muer lentement

en des voix submersibles

replongeant dans l’immense

et l’infinie candeur

 

Blanches mains

Mains étanches

        

 

                                                                           Mth Peyrin

 

 

Marie-Thérèse Peyrin & Armand Dupuy, Les mains de Charles Juliet, Ed. Sang d’Encre, 2006

Illustration de Tanguy Dohollau

12:37 Publié dans La poésie des autres

29/10/2008

CE PEU DE BRUIT

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Couleur du ciel hier soir, sous des nuages de cendre et de neige pesants comme des montagnes : du rose, du jaune et du vert ; plus exactement, du presque rose, de l’à peine jaune et de l’à peine vert, des bandes de soie superposées de la nuance la plus délicate, transparente, doucement lumineuse avant l’obscurité – des fleurs allongées côte à côte avec soin dans un cageot invisible – une muette invitation à rejoindre Flore à l’horizon.

 

Philippe Jaccottet, Ce peu de bruit, NRF/Gallimard, 2008, p. 98

23:28 Publié dans La poésie des autres

24/10/2008

PAUSE

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Quand tisonner les mots pour un peu de couleur

ne sera plus ton affaire

quand le rouge du sorbier et la cambrure des filles

ne te feront plus regretter ta jeunesse

quand un nouveau visage tout écorné d'absence

ne fera plus trembler ce que tu croyais solide

quand le froid aura pris congé du froid

et l'oubli dit adieu à l'oubli

quand tout aura revêtu la silencieuse opacité du

houx

 

ce jour-là

quelqu'un t'attendra au bord du chemin

pour te dire que c'était bien ainsi

que tu devais terminer ton voyage

démuni

tout à fait démuni

alors peut-être...

 

mais que la neige tombée cette nuit

soit aussi comme un doigt sur ta bouche

 

 

Nicolas Bouvier, Le dehors et le dedans, Points, 2007, p. 82-83

 

16:48 Publié dans La poésie des autres

22/10/2008

LE FEU EST EN TOUTE CHOSE

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 Il n’y a pas de pouvoir divin, il y a un vouloir divin éparpillé dans chaque souffle : les dieux sont dans nos murs, actifs, assoupis. Orphée est déjà déchiré.

***

Je ne suis pas séparé. Je suis parmi. D’où mon tourment sans attente. Pareil à la fumée bleue qui s’élève du safre humide quand les dents de la forte mâchoire l’égratignent avant de le concasser. Le feu est en toute chose.

 

René Char, Éloge d’une Soupçonnée, Poésie/Gallimard, p.24-25

17:05 Publié dans La poésie des autres

20/10/2008

PREMIÈRE NEIGE

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Pressentir la première neige. Être pleinement

consciente de cette montée de la joie. Près de tout.

Sans bruit pour ne pas interrompre le mouvement.

 

***

 

On devrait toujours garder une chaise d’enfant dans

sa maison. Ça et des biscuits. Je n’ai aucune

hésitation. Quelques instruments me tiennent en vie.

 

 

Louise Warren, Observations, pré # carré, octobre 2008

17:58 Publié dans La poésie des autres

17/10/2008

TU ES À TOI-MÊME TON ENFANT

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tu es à toi-même ton enfant

comme un ciel berce sa nuit

ce que tes doigts éperdument

étreignent dans le drap

c’est la joie du premier âge

et la voix ultime et douce

de ceux qui la connurent

et l’aimèrent dans tes yeux

 

tu sais tout cela

car souvent si souvent

tu as appris à oublier

et l’oubli est la première rive de la mort

 

Jean-Pierre Siméon, Lettre à la femme aimée au sujet de la mort, Cheyne éd., 2006, p. 14

20:23 Publié dans La poésie des autres

15/10/2008

IL SUFFIT QU'UN OISEAU...

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Il suffit qu’un oiseau s’envole dans le ciel pour que

s’écarte le rideau de pluie, la mousseline accrochée au

ciel et le ciel à la pluie, les girandoles du lustre, le pastel

que troue le crépon, le pliage de l’insecte, les

moucherons dans les yeux, toutes les découpures, tous

les mots volants, qu’un papillon sorte des doigts, les

effleure, qu’un bruit de taffetas, de feu léger, il suffit

qu’un oiseau passe au-dessus des blés, qu’un papillon

se pose pour que s’ouvre une robe, tombe un ciel, une

sorte de ciel, de rose.

 

Anita J. Laulla, La folie la douceur, Atelier de l’agneau, 2006, p. 65

18:52 Publié dans La poésie des autres