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13/10/2008

PREMIERS DITS DU COLIBRI

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 On a suspendu l’instant

d’un chant d’ailes indicibles,

avec parfois au creux des paumes

un nid d’indicibles lueurs

et la brindille souriante

de celle qui court jusqu’à s’oublier.

Et dans ce visage,

on se souvient,

il y avait aussi Lhasa de Sela.

 

Stéphen Bertrand, Premiers dits du colibri, Le Castor Astral, 2007, p. 74

21:14 Publié dans La poésie des autres

12/10/2008

RÊVE

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Le vent qui rêve sur la mer

J’ai dit RÊVE

Rê-é-è-ÈVE

Cligne des yeux c’est un bateau

Se penche sur les fleurs de sable

Ssssable indéfinissable

Il y a des mouvements de jambe sous l’eau

Des nages

Des poignards dans l’agilité du vent

 

Aragon, Le mouvement perpétuel, Poésie/Gallimard, p. 138

21:22 Publié dans La poésie des autres

11/10/2008

VENTS

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Nous reviendrons, un soir d’Automne, sur les derniers roulements d’orage, quand le trias épais des golfes survolés ouvre au Soleil des morts ses fosses de goudron bleu,

Et l’heure oblique, sur l’aile de métal, cloue sa première écharde de lumière avec l’étoile de feu vert.

 

Saint-John Perse, Vents, Poésie/Gallimard, p. 72

22:01 Publié dans La poésie des autres

09/10/2008

REFLET

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Si tu entendais le souffle

            des branches

            au fond des verres,

                        tu rirais.

 

Tu es toi, toi seul(e) sais

            qui tu es.

 

Même si tu ne lis pas ces lignes.

 

Quelle importance, au fond

            tant de silence

            pour si peu de bruit.

 

Encore le cliquetis des pièces

            sur le comptoir

            puis la rue,

 

            et ce reflet saisi

            une mèche de cheveux

            dans le visage

22:13 Publié dans La poésie des autres

VILLES ÉPHÉMÈRES

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Dans les méandres du jour,

demeurent les villes éphémères.

 

 

Marie-Ange Sebasti, Villes éphémères, J. André, 2007, p. 29

12:44 Publié dans La poésie des autres

05/10/2008

LA PORTE CLOSE

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Nos mains se sont gelées sur le silence

 

        entre moi et vous

        pesant leur poids de non-dits

        les enfants sortaient de leur trousse

        des paillettes pour les joues

 

que suis-je devenue

 

        à vouloir contourner l’absence

       

        que puis-je vous dire

 

        le langage est une porte close

17:19 Publié dans La poésie des autres

03/10/2008

NOS LIMITES SONT DE CENDRES

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L’amitié n’est pas une paix. Elle est un tumulte.

Faut-il briser l’amitié pour la paix ?

Aller jusque là ?

 

***

 

Partir vers la paix de l’Écriture, et en revenir comme d’une guerre. Une guerre à soi-même.

 

***

 

Ce soir elle riait. Elle avait collé des oiseaux sur sa fenêtre. Des oiseaux de papier. Les oiseaux ne tiennent pas leurs promesses. Jamais ils ne nous emmènent. Les amis sont des oiseaux : ils ne tiennent jamais leurs promesses. Un jour ils nous laissent. Ce soir elle riait. Elle avait décollé ses amis de sa fenêtre. Quelle place pour ses arbres !

 

***

 

Nous sommes allés marcher dans les bois, simplement, à la rencontre du dernier soleil d’automne. Il nous est apparu derrière les chênes centenaires, rougi aux forges du cosmos. Énorme. Il a mis le feu à la forêt sans qu’un seul arbre ne brûle.

 

 

Vincent Bouton, Nos limites sont de cendres, Friches n°99, Spécial Prix Troubadours/Trobadors 2008

15:28 Publié dans La poésie des autres

30/09/2008

LECTURE VERSO LE 3 OCTOBRE

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20:10

25/09/2008

BLEU

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Tout est devenu BLEU. C’est bleu. C’est à

crier tellement c’est bleu.

C’est du bleu venu des origines de la Terre,

d’un cobalt inconnu. On ne peut pas arrêter

ce bleu, ces traînées de poussières bleues

des cimetières des enfants. On souffre. On

pleure. Tout le monde pleure.

Mais le bleu reste là. Acharné.

Le bleu des enfants comme celui d’un ciel.

 

Marguerite Duras, La mer écrite, Marval, p. 24

19:31 Publié dans La poésie des autres

22/09/2008

ÉCRIRE

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C’est dans une maison qu’on est seul. Et pas au-dehors d’elle mais au-dedans d’elle. Dans le parc il y a des oiseaux, des chats. Mais aussi une fois, un écureuil, un furet. On n’est pas seul dans un parc. Mais dans la maison, on est si seul qu’on en est égaré quelquefois. C’est maintenant que je sais y être restée dix ans. Seule. Et pour écrire des livres qui m’ont fait savoir, à moi et aux autres, que j’étais l’écrivain que je suis. Comment est-ce que ça s’est passé ? Et comment peut-on le dire ? Ce que je peux dire c’est que la sorte de solitude de Neauphle a été faite par moi. Pour moi. Et que c’est seulement dans cette maison que je suis seule. Pour écrire. Pour écrire pas comme je l’avais fait jusque-là. Mais écrire des livres encore inconnus de moi et jamais encore décidés par moi et jamais décidés par personne.

Marguerite Duras, Écrire, Folio/Gallimard, p. 13

19:25 Publié dans La poésie des autres