18/09/2008
MARDIS D'ISABELLE
Les Mardis d'Isabelle accueillent mardi 7 octobre à 20h
Valérie Canat de Chizy et Marc-Henri Arfeux, pour la publication de leurs derniers recueils de poésie,
35 rue Sainte-Hélène 69002 Lyon M° Bellecour
Participation : 3 euros et un mets ou une boisson
Réservation : 06 63 92 97 23
Faites-le savoir et venez nombreux !
Les livres des auteurs seront disponibles.
Amicalement, Anne-Lise
19:55
16/09/2008
NAISSANCES
Donc, sans fin, des enfants naissent, ça naît, ça y est…
Mais la naissance ne s’écrit pas davantage que l’écriture n’a de naissance. Rien qu’une échappée, un passage, comme ces mots qui nous traversent et coulent sur leurs galets d’émail, leurs lits de muqueuses, mais dont la source reste inaccessible, lointaine et toujours extérieure. Parfois, nous avons cru trouver les mots. Parfois, les mots se sont perdus. Jamais nous ne les aurons vus jaillir.
Miracle de la naissance : jusqu’au bout, je fus incapable d’imaginer l’enfant qui arrivait, et brutalement, c’est lui, unique et familier, c’est bien lui, cet être neuf que je palpe et à qui je parle en suant sang et eau pour passer ses bras blancs et mous dans les manches des premiers vêtements si petits.
Pierre Péju, Naissances, folio/Gallimard, p. 115(photographie de couverture)
22:20 Publié dans La poésie des autres
14/09/2008
LANGAGE
Je te parlerai un langage de pierre
(tu réponds avec un monosyllabe vert)
Je te parlerai un langage de neige
(tu réponds avec un éventail d’abeilles)
Je te parlerai un langage d’eau
(tu réponds avec une pirogue d’éclairs)
Je te parlerai un langage de sang
(tu réponds avec une tour d’oiseaux)
Octavio Paz, Le feu de chaque jour, Poésie/Gallimard, p. 73
18:25 Publié dans La poésie des autres
12/09/2008
LE MUR SE CREUSE
16:35 Publié dans La poésie des autres
10/09/2008
RIEN NE SERT DE PARLER SI FORT
Il me paraissait impossible de parler de ce livre, tant son contenu faisait résonance avec une blessure soigneusement cadenassée à l’intérieur de moi. Aurélie de la Selle parle du silence avec une telle acuité, une telle lucidité qu’il est difficile de ne pas ressentir dans sa propre chair cette prison de verre acéré qu’est l’absence totale de son. Comment se construire sans les repères habituels communs à la plupart des gens ? Comment vaincre l’incommunicabilité, le sentiment d’exclusion, tout en s’épanouissant dans la myriade d’émotions et de sensations à laquelle lui donne accès son hyper sensibilité ? Je grogne de mon destin. Pas aux normes. Je me réadapte jour après jour et parfois je craque. Il est dur de séduire sans oreilles, écrit-elle. Je me surveille du bout de vos lèvres, oubliant ce détour de la parole où tout ici repose. Relâcher l’oblique de vos visages croisés dans mon attente sans limites. C’est sans doute sa volonté immense de grandir qui a permis à Aurélie de la Selle de ne pas succomber au désespoir et de se battre, envers et contre tout, contre elle-même avant tout, pour trouver un semblant de sérénité. Je voudrais vous parler sans arrêt. Je ne peux entendre que moi dans ma souricière de solitude. Je meurs à petit feu de ne pouvoir m’exprimer. Trouver le mot juste pour faire briller votre impatience. Audace d’un sourire, quand trop souvent les gens n’aiment pas ce qui ne leur ressemble pas, poésie où trouver un soupçon d’apaisement, Rien ne sert de parler si fort se présente comme un aboutissement, au terme de longues et douloureuses années de combat.
Aurélie de la Selle, Rien ne sert de parler si fort, L’Harmattan, 2007
18:35 Publié dans Chroniques
08/09/2008
DE LA VIE EN SURNOMBRE
20:35 Publié dans La poésie des autres
03/09/2008
PAUSE...
19:09
02/09/2008
L'AMOUR EXTRÊME
Épaule de plomb
paume légère,
j’ai porté ton cercueil
et caressé ton corps de cendre.
Une nuit de chacals aux yeux rouges
couvre la source de mes nuits.
Tu me condamnes à n’être plus
que par défi, indomptable
dis-tu, irréductible et pur,
mais sans rien à maudire.
André Velter, L’amour extrême, Gallimard, 2002, p. 9
18:55 Publié dans La poésie des autres
01/09/2008
ÉLÉPHANTS
Visage ancré dans la roche
Pillage de sédiments
Strates strates rictus d’années
Poli de l’arrondi mais au dos
Le petit d’éléphant contre sa mère
Sculptures vivantes chaos
Des grottes emplies de fougères
Où constituer une couche végétale
Le dur emplit le silence
Masses d’ombres sous les arbres
Se mettent en mouvement
Craquelures de la peau
Rugosité des plissures
21:20 Publié dans La poésie des autres
LES ANGES TRANQUILLES
Je ne connaissais pas Sophie Masson avant de lire le dossier que lui a consacré la revue Décharge dans son numéro 131. Vous que je voyais rire, aimer, danser, parler, chanter, vivre. (…) Et moi qui attendais… Sans oser respirer. Petite fleur sans pétales, sans parfum, sans lumière. (…) Les mots m’accompagnaient, tels des anges tranquilles veillant sur mon bonheur. Discret. Des mots à vivre, des mots pour vivre, quand, et ce n’est plus dévoiler un secret que de dire qu’elle était atteinte d’une terrible maladie (génétique ?) qui la crucifiait, petit corps déformé, sur un fauteuil roulant. Les mots sont ces anges tranquilles, compagnons d’une vie à tisser avec les fibres de l’imaginaire. Sans pathos, ni atermoiements. Sophie s’adresse à un double, ami lointain, omniprésent. Aujourd’hui je t’écris. Je mets mon cœur à nu. Tu vois, je n’ai plus peur. J’ai hissé les couleurs des audaces fécondes. Brisé tous les tabous avaleurs de silences. Les mots sont à la fois véhicules du partage et remèdes contre la dureté du monde. À l’affût des perceptions, il s’agit aussi de traquer la nouveauté, l’âme cachée des rues, des passants, une histoire que je capte d’un regard. Il n’y a pas d’illusion ici. Sophie sait que la solitude amie n’a qu’un luxe, privilège. Celui de se savoir dans une prison dorée, voulue, parfois rêvée, d’où l’on peut, sans vergogne, s’échapper à souhait. L’autre, l’ami, l’amant, même loin, est encore présence à incarner dans l’étoffe de son histoire. T’écrire encore un mot pour te dire n’oublie pas. S’il te plaît, attends-moi. Sache bien que, demain, où que je puisse aller, même si ça semble fou, je serai moi. Toi. Nous. Sophie Masson (1964-2006)
Sophie Masson, Les anges tranquilles, Le Chat qui tousse, 2008
12:10 Publié dans Chroniques