31/08/2011
Sur l'épaule de l'ange
Les hommes passaient
à côté d’elles sans les voir.
Modestement agenouillées
dans l’herbe tendre, les roses
étonnées se regardaient
sans comprendre.
Les pensées étaient groupées
dans un coin du jardin,
comme si on avait voulu
les protéger du vent
et des hommes.
Alexandre Romanès, Sur l’épaule de l’ange, Gallimard, 2010, p. 51, 53
20:26 Publié dans La poésie des autres
20/07/2011
LES YEUX ASSIS SUR LA PLAGE
ses lèvres sont des noix de cajou salées par
la mer ses yeux deux olives noires au goût
pimenté que j’apprécie en accompagnement
de son corps voué au vent marin aux digues
qui retiennent les eaux où plonger avec elle
ô ma femme littorale aux seins de vignes en
terrasse sur fond de canigou rêvé dans une
comptine apprise en maternelle ma femme
de migration d’oiseaux survolant les étangs
Romain Fustier, Les yeux assis sur la plage, Éd. De l’Atlantique, 2010, p. 29
21:25 Publié dans La poésie des autres
06/07/2011
HAUTE PLAGE
Ils nous ont engrangés dans l’aurore
donné des ailes
pour traverser les jours
Ils nous ont indiqué l’espace des sittelles
et des aigles royaux
Notre héritage n’est pas forteresse
***
Autour de l’île, ma flottille
battait pavillon d’impatience
dans l’attente
des cargaisons promises
transportées lentement sur ces sentiers rebelles
habiles à dompter
l’incorrigible roc
***
Aussitôt dit
les soleils dénombrés
trouvaient une aire
où reposer leur course
Aussitôt faites
les ombres s’étiraient
volaient la sieste des soleils
Marie-Ange Sebasti, Haute plage, Jacques André éditeur, 2011, p. 7, 8, 12
20:04 Publié dans La poésie des autres
22/06/2011
histoire sans paroles

prendre un papier de fortune
un crayon de hasard
oublier le concret
oublier la main
entrer au profond de soi
tracer des signes sans message
écrire pour ne rien dire
simplement pour le désir
comme d’autres pour pleurer
d’autres pour chanter
***
c’est une histoire sans paroles
comme un vol d’oiseau sur la mer
des souvenirs qui tracent
dans l’espace
des nuées illuminées
c’est une histoire sans paroles
comme neige sur la ville
le temps façonne à son gré
mais le cœur manie le ciseau
le bonheur est œuvre d’art
Andrée Marik, publiée dans Friches n°104, 2010, p. 20-21
20:14 Publié dans La poésie des autres
06/06/2011
DE SI PRÈS
Je parle de ce qui n’est plus, comme un désarroi trop grand, ce qui heurte le corps, sème la pluie des semences, la plaie est réceptacle de toute l’embarcation, dans mon flanc fourmille des mots ininterrompus, je parle de ce qui n’est plus, les amis inconnus, ceux dont l’arbre est nu, j’apprends les mots sans destination, les lettres jamais arrivées, le ventre empli d’un leurre d’écriture, je parle du silence et du chat dans la matière, la peau criblée de balles rouges et l’invention du plein, alors que nous ne faisons que combler le vide je parle du poids certain d’une trop grande présence et de la surface dans laquelle je baigne, de mon inaptitude à faire corps avec toi, qui que tu sois. Je parle de la pauvreté et de l’orgueil, du jugement et de la douleur, des cases où nous nous maintenons, de notre solitude, dans l’éloignement, de notre apparent contentement. Je te parle de si près.

19:56
24/05/2011
PARENTHÈSES
19:56 Publié dans La poésie des autres
10/05/2011
LES MOTS
Bien sûr, ce pourrait être autre chose. Comme ce nuage à portée de main, la route qui sillonne la forêt. Peu de chose, en somme. La maison et ses vieilles poutres, son bric-à-brac recouvert de poussière et de toiles d’araignées. A la fenêtre, le chat vient. Soleil matinal. Dans le bol, le thé fume, la cafetière crache sur le feu. C’est seulement le soir que viennent les mots, après l’orage. La pluie les a détrempés, ils viennent se coucher auprès du feu. Presque honteux d’avoir déserté aussi longtemps. Il n’a pas plu, mais les mots sont allés du côté de la pluie, là où le ciel est plombé d’un gris menaçant, en altitude, là où le vent souffle par rafales. Il leur fallait cela, vagabonder comme des chiens fugitifs, renifler le pas des promeneurs, les traces des renards, humer l’air humide. Se frotter à la bruyère, se rouler dans les ornières, grimper jusqu’au périphérique, puis redescendre. Alors, pourquoi se demander. Les mots. Ils mènent leur vie, voilà. Comme n’importe quel être. Comme le lilas de la cour, les jonquilles sauvages, l’écureuil au bord de la route. Ils sont. Nul besoin de chercher à les justifier.
17:03 Publié dans La poésie des autres
30/04/2011
MATIN DE LUMIÈRE
10:18
23/04/2011
TE VISITE LE MONDE
Cet ouvrage s’organise en deux parties. Dans la première, l’émerveillement de l’enfant dans son ouverture au monde se mêle au mystère du lien qui l’unit à sa mère. tu souris rien qu’à voir ta mère bras tendus / te visite le monde par ce qui rouge ou bleu / n’a de vrai que ton arbre à peluches. Le langage du poème s’apparente à un apprentissage, les mots sont comme malhabiles. Ils sont des legos de couleur assemblés dans le désordre. Le poème est ici métaphore de l’univers de l’enfant, de son monde intérieur. Il suit sa progression dans la découverte de l’environnement. faut croire difficile partir te laisser aller / au-delà le corps le berceau et combien / nécessaire que tes bras la lumière. La difficulté qu’éprouve la mère à laisser sa fille quitter l’enveloppe protectrice s’efface finalement assez vite devant l’épanouissement de l’enfant dans ses premiers pas. Le champ s’élargit avec l’apparition du père dans l’univers, la naissance du caractère. La vie monte, éclate ; la parole émerge. infernale ta langue à toi / tu parles pas que des mots / du charabia en phrases entières. La deuxième partie aborde la pré-naissance et la naissance. ces mois de bruit de terre qui bat / commence très près très loin / quelque chose sous l’écorce. Ce qui palpite résonne, monte avec lenteur, prend le temps de grandir. sous quelle poussée tes doits retiennent / le si plein de terre pendant déluge / flotte berceau avant monde. Le titre du recueil résume à lui seul ces quelques vers : t’émerveilles face au monde / déroules pétales toutes ailes dehors / n’en finis plus de fleurir.
Cécile Guivarch, Te visite le monde, Les carnets du dessert de lune, 2009
09:41 Publié dans Chroniques
13/04/2011
PRÉSENCE
20:35 Publié dans La poésie des autres










