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06/07/2009

OMBRE ET LUMIÈRE

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Une plaine au soleil.

Rien n’y est à l’abri

De la forte lumière –

 

Et pourtant

La danse de l’ombre

Avec la lumière.

 

Cette ombre

Est-elle vraiment là

Ou vient-elle de moi ?

 

 

Guillevic, Présent, nrf/Gallimard, 2004, p. 53

22:20 Publié dans La poésie des autres

26/06/2009

UN RETOUR PLUS LOIN

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La terre est gelée

Les chiens arpentent la plaine

Des femmes en noir jettent des roses sur la stèle

Ce fut ici

Recommence

l’instant

à chaque soleil naissant

froid

avide

À quoi bon la mémoire

 

Évelyne Morin, Un retour plus loin, Éditions Jacques Brémond, 2007, p. 40

14:16 Publié dans La poésie des autres

15/06/2009

ÉGÉE JUDÉE

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De oui et de non

de haine et d’amour

musique de circonstance

enfin clou blanc

avec douceur, violence

enfoncé dans le blanc –

 

***

 

seulement le vent noir des yeux

lavé d’éclairs, de bruits d’eau

seulement la rauque mélodie

la brèche d’une aile dans le sang

tendu d’un corps exténué –

 

 

Lorand Gaspar, Égée Judée, Poésie/Gallimard, 2004, p.161, 163

20:52 Publié dans La poésie des autres

06/06/2009

C'EST COMM'

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       C’est comm’ la mer sans l’huile

ou comm’ la nuit sans l’encre.

C’est comm’ le cuit sans l’cru

comm’ le ni vu sans l’ni connu

comm’ les compas sans la raison

comm’ la rime sans la déraison

comm’ les raisins sans la colère

comm’ le dauphin sans la reine-mère

c’est comm’ la reine sans les ferrets

comme Étretat sans les galets

comm’ les récrés sans les gadins

ou comme un Carné sans Gabin

comm’ le samedi soir sans l’turbin

comm’ le samedi soir sans l’turbin.

 

Jean-Pierre Bobillot, Live on page, Lieux-Dits, 2004

21:08 Publié dans La poésie des autres

29/05/2009

L'AUBIER

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L’aubier se feuillette comme un cahier blanc

    et le monde – parfois – retombe

         en enfance :

                                                 scotché sous la langue.

 

 

 

 

Plus d’un bruit demande à être.

                     Et veut montrer en même temps :

                                                                 l’essor qui prend, l’étreinte et l’onde.

                                             Les fibres aux fibres,

                                                     l’autonomie.

 

 

Ce qu’il faudra ? Faire état du manque. Craquer ou recoudre l’ancien cousu.

 

 

 

Marie-Noëlle Agniau, inédit, 2009

13:33 Publié dans La poésie des autres

16/05/2009

UN MONDE À PART

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Tant de fois perçu dans votre regard, ce malaise que je connais si bien, fuite devant l’irréparable, la faille caractérise votre lâcheté. Pensée qui m’obsède… Je m’exécute à votre mesure pour rattraper la cadence de ma rétine qui vous observe, croisant l’étincelle d’un temps de lire, d’observer.

[…]

Définir mon silence, grand mot dont j’aimerais résoudre le mystère. Débrancher dans mon vide, vertige où je me cogne bien trop souvent, envoûtée par mon propre silence à perdre haleine. Oublier ma propre voix dans la résonance étouffée de mon existence. Plainte de chaque jour murmurée au fin fond de mon corps pour exister encore.

 

Aurélie de la Selle, Rien ne sert de parler si fort, L’Harmattan, 2007, p. 147

21:42 Publié dans La poésie des autres

07/05/2009

ACTU !

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fille de mille épées

ce fut écrit tu lutteras

avec ta grâce contre les

jours ébouillantés les lar

mes l’alcôve le trois-pièces

 

***

 

ce fut écrit souffle-racine

sur le ring de l’eau jouis-

sance débauchée coulant

des livres sous l’éclat de tes

cils : laforgue dostoïewski

 

 

 

gilles b. vachon, the jewish plot, CC Marimbo, 2006

14:51 Publié dans La poésie des autres

03/05/2009

NOUS VIVIONS

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Nous vivions parmi les ronces en bordure de nos terres

dans les vitres fendues de l’orage d’été

blessés à bleu par des éclats de mer

jusqu’au fond infondé des nuits qu’on prononce

soudain sous les doigts qui suivent l’érosion

et derrière la chair qui se presse dans la voix

le sang translucide à force de s’ouvrir

au bout de ses tiges digitales brisées –

 

 

Lorand Gaspar, Sol absolu, Poésie/Gallimard, 2001, p. 115

22:57 Publié dans La poésie des autres

29/04/2009

DE TRÈS LOIN

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De très loin monte la plainte

         de l’enfant

         comme une vague

                   ondulante

 

De très loin l’écho des

         premiers murmures

         le goût du lait

         maternel

                  

De très loin les paroles

         douces

15:01 Publié dans La poésie des autres

24/04/2009

AILE-NUIT

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Aile-nuit de très loin venue et maintenant

à jamais tendue

sur la craie et sur la chaux.

Galet, roulant à l’abîme.

Neige. Et de blanc plus encore.

 

Invisible

ce qui paraissait brun,

couleur de pensée et foisonnant

de mots.

 

La chaux existe, et la craie aussi existe.

Et le galet.

La neige. Et de blanc davantage encore.

 

Et toi, toi-même :

niché au fond de l’œil

autre, qui embrasse

tout ça d’un regard.

 

 

Paul Celan, Choix de poèmes, Poésie/Gallimard, 2007, p. 109

16:08 Publié dans La poésie des autres